Lakeside Murder Case - This Charming Girl - Three... Extreme : Dumplings
Le très attendu ‘'Lakeside Murder Case'' de Shinji Aoyama se devait – ou non – de confirmer le réel statut auteurisant de son réalisateur suite à son coup d'éclat ‘'Eureka'' jamais égalé depuis. Trois familles se réunissent dans un chalet isolé au bord d'un lac pour assister à la préparation d'un concours d'entrée de leurs enfants pour espérer d'accéder à une école prestigieuse. Parmi eux, un couple qui bat singulièrement de l'aile et dont la maîtresse de l'homme fait bientôt une intrusion inopinée parmi le groupe. Le soir même, elle est retrouvée assassinée…
‘'Lakeside Murder Case'' est tout sauf un polar. L'identité du responsable est dévoilé d'emblée et Aoyama s'attache une nouvelle fois à explorer les tourments intérieurs de ses personnages ; sauf que les apparences sont terriblement trompeuses…et par le twist final (im)prévisible, le réalisateur dévoile ses véritables intentions : dénoncer le système d'éducation japonais – basé sur la cellule familiale - tout entier. Evidemment plus finaud, qu'un ‘'Battle Royale'', Aoyama doute pourtant de la limpidité de son discours sous-jacent et place un long discours explicatif totalement inutile en fin du film. Ce faux-pas souligne du coup tous les autres défauts récurrents de la filmographie du réalisateur : mise en scène très approximative, rythme trop lent et lourds effets insistants pour s'assurer de la bonne compréhension d'un spectateur autrement plus intelligent. Une nouvelle preuve, qu'Aoyama tient bien plus de l'artisan honnête, que d'un auteur confirmé.
Outre le dernier Aoyama, étaient également attendus le dernier Zhang-Ke Jia (malheureusement pas vu) et ‘' This Charming Girl '' du coréen Yoon Ki YI, précédé d'un excellent buzz suite à son passage dans plusieurs festivals.
Jeong-hae est une jeune femme très simple, vivant au fil des jours et de son travail dans un bureau de poste. Deux choses vont pourtant bouleverser le train-train quotidien de sa petite vie tranquille : un chaton perdu, qu'elle va emmener dans son appartement pour lui tenir compagnie et les fréquents passages au bureau de poste d'un jeune auteur envoyant des manuscrits à son éditeur. Deux rencontres qui vont rappeler à la jeune femme un lourd épisode douloureux profondément enfui en elle.
Adapté d'une courte nouvelle, le réalisateur avoue avoir eu beaucoup de mal à trouver un producteur voulant prendre le risque de financer cette petite production – pourtant tournée en DV. Si les études de mœurs sont légion en France, le genre est bien moins exploité en Corée, cinéma avant tout populaire. Sans parler du fait, que le film est entièrement centré sur le personnage principal, une femme. L'entreprise de Yi est donc en tous points honorable et le pari largement remporté tant il rend son héroïne attachante par des simples faits et gestes. Maintenant, il faut aimer voir porté à l'écran la morne existence d'une personne tout à fait banale dans son quotidien sommaire : métro, boulot, télé, dodo. |
Lee Yon-ki qui reçut le prix du Jury
pour son film This Charming Girl |
Le film est donc lent, très lent et la découverte d'un chaton perdu n'est pas une grande scène d'action en soi. En même temps, tout concourt à une révélation finale assez importante, incluant une rupture dans la surface si lisse ; or on en voudrait presque à l'auteur d'avoir inclus un tel élément, qui ne sonne tout simplement pas juste, qui vient se plaquer sur une histoire autrement banale. Reste la découverte d'un talent certain, qui se doit maintenant de faire ses preuves et de réussir à se faire une place à part dans le paysage cinématographique coréen. |
Malgré sa réticence de se faire appeler en tant que tel, Fruit Chan est un véritable auteur et la section ‘'Regards'' a bien fait de rendre hommage à son travail – bien que sa filmographie présentée soit amputée de près de la moitié de ses réalisations au total. Si l'absence des films de studio ‘'Finale in Blood'' et l'inédit (et réputé introuvable) ‘'Five Lonely Hearts'' semble justifiée, comment être passé à côté de ‘'Toilet Public'',‘'Hong Kong Hollywood'' ou de son chef-d'œuvre à ce jour ‘'The Longest Summer''? Mystères de la programmation.
‘' Made in Hong Kong '', ‘' Little Cheung '' et ‘' Durian, Durian '' : Tous trois sortis - du moins en DVD – en France, le passage sur grand écran révèle force et faiblesses de ses trois réalisations comptant parmi les meilleurs de sa filmographie.
Si Made in Hong Kong étonne toujours par la force de ses images d'une production totalement fauchée, ce sont pourtant Little Cheung et Durian Durian qui imposent le respect. Magnifiques fictions documentaristes, le doublé constitue l'un des plus bels hommages aux habitants hong-kongais qui soient. Le naturel des jeux des acteurs n'a d'égal avec un scénario que l'on devine en grande partie improvisée ; Chan a su capter des petits moments de la vie quotidienne tellement difficiles à retranscrire en dehors des cadres d'un véritable documentaire, que certains moments sont une véritable bénédiction pour celui qui en a marre des rebondissements téléphonés. Chan n'a d'ailleurs jamais été meilleur depuis, descente amorcée dès la seconde partie – trop longuette – de ‘'Durian, Durian'' jusqu'à sa sympathique contribution stylisée à ‘'Dumplings : Thre… Extremes''.
‘'Three…Extremes : Dumplings' ': Première contribution au second opus du films à sketches ‘'Three'', ‘'Dumplings'' surprend rien que par la participation de Fruit Chan à un tel projet commercial. Il se défend d'avoir eu besoin de l'argent ; mais de ne pas avoir sacrifié son style au profit du film à studios.
Madame Ching est une ancienne star de la télévision hong-kongaise, mariée à un riche architecte. La quarantaine s'approchant, elle aimerait retrouver formes et teinte des années passées. Obtenant l'adresse d'une mystérieuse femme, elle entame une cure à base de ravioles faits à partir de fœtus de bébés humains ; mais des effets secondaires ne tardent pas à apparaître…
Curieux exercice de style, pourtant bien imprégné du style de son réalisateur à travers quelques plans recherchés, une lumière parfaitement soignée et des inserts renvoyant directement aux œuvres passés de Chan (les appartements dépouillés des quartiers défavorisés de HongKong ; la vie quotidienne des gens ; le T-Shirt soulevé au-dessus d'un gros bide d'un passant). Pas grand chose à sauver du côté de l'intrigue, somme toute classique ; mais à la vision du film, on se prend à rêver de certaines catégories III ratées, si jamais elles étaient passées entre les mains de réalisateurs plus probants, tels que Fruit Chan. Miriam Yeung ose le contre-emploi, mais ne convainc qu'à moitié, accentuant chaque fait et geste de façon exagérée. |