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Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux    (2021)
 Shang-Chi va devoir affronter un passé qu’il pensait avoir laissé derrière lui lorsqu’il est pris dans la toile de la mystérieuse organisation des dix anneaux.



 Shang Chi La Légende des Dix Anneaux est le premier film de superhéros hollywoodien avec un protagoniste asiatique, chinois-américain pour être plus précis. Mieux encore presque tous les personnages sont également d’Ascendance chinoise et le film se déroule en grande partie en Chine. Pour couronner le tout, Shang Chi a également été écrit et réalisé par des Américains avec des racines asiatiques. On peut ainsi dire du film qu’il est vraiment sinocentrique. Produit par les studios Marvel, Shang Chi est leur deuxième film à adopter une démarche « woke » après Black Panther dont le succès monstre en 2018 a atteint des proportions de phénomènes culturels.

Le personnage titulaire du film est le protagoniste de la série Master of Kung-fu qui a connu ses heures de gloire au cours des années soixante-dix/début quatre-vingt. Marvel Comics a créé ce personnage dans la foulée de l’engouement populaire pour les films martiaux Hong-Kongais importés en Occident et la révélation de sa vedette iconique Bruce Lee. Presque 50 ans plus tard la boucle est bouclée, car non seulement Shang Li et la légende des dix anneaux pastiche les films martiaux hongkongais, mais de nombreux acteurs, chorégraphes et même action director issue de ce cinéma y participe. Devant l’écran Michelle Yeoh et Yuen Wah jouent des rôles secondaires alors que Tony Leung Chui-wai tient le rôle de l’antagoniste du film le propre père du héros.

Shang Chi contient neuf combats martiaux (incluant dans un bus, à un tournoi et sur des échafaudages en bambous) plus une poursuite automobile et quelques petites séquences d’entrainements. Les combats corps à corps dans les films MCU ont toujours été dynamiques. Dans Shang Chi, toutefois, l’influence du cinéma de Hong-Kong et l’implication de chorégraphes y étant formées, rehausse le panache des affrontements à un degré inédit. Certains duels ont leurs virtuosités tant physique, visuelle et rythmique accentué alors que d’autres en faisant un ample usage du wire-fu, prennent la forme de ballet aériens gracieux. Tai-chi Master, Grandmaster et les films de Jackie Chan auront servi de sources d’inspiration. Cela dit, les scènes d’action du dénouement final carburant au CGI ont une extravagance digne d’un anime. Shang Chi ne se limite donc pas à être une simple synthèse entre un film MCI et le cinéma d’action hongkongais, il emprunte également au wuxia esthétisant de Zhang Yimou et même au délire fantaisiste d’une série anime comme Dragon Ball.

Toutefois, l’intérêt de Shang Chi ne se limite pas à être un simple pastiche. En fait ce qui est vraiment impressionnant avec ce film ce sont toutes les démarches accomplies pour mettre en valeur avec authenticité et respect ces personnages asiatiques et plus particulièrement les protagonistes chinois-américain. Appelé la minorité modèle les Américains d’ascendant asiatique sont quand même de grand laisser pour compte au niveau de la représentation culturelle dans les films et la TV. En effet, leurs lots habituels sont les personnages très secondaires et le plus souvent stéréotypé voir caricaturaux. De plus les premiers rôles de personnages asiatiques dans les films hollywoodiens en général et ceux d’action en particulier ce sont des vedettes de Chine qui les tiennent comme Jet Li, Jackie Chan et Chow Yun Fat. Les studios Marvel ont eux-mêmes sucité des controverses; d’abord avec le personnage du Mandarin un pseudo-terroriste oriental dans Iron Man III (personnage référé dans Shang Chi) ensuite avec le « blanchissement » de The Ancient One dans Dr Strange.

Dans Shang Chi par contre le personnage titulaire est bel est bien incarné par chinois-nord américain Simu Liu. Shang n’est ni un héros martial stoïque à Jet Li ni un clown burlesque à la Jackie Chan, c’est plutôt un gaillard assez normal, mais avec des poings d’acier et une volonté de fer qui se trouve lancé dans une aventure extravagante.
Le rôle du comparse épaulant le héros est aussi tenu par un sino-américain et est de plus incarné par une fille; la comédienne Awkwafina. C’est changement radical par rapport a ce que l’on retrouve dans comédies de pote interracial tel que vu dans les films américains de Jackie Chan comme Rush Hour (avec Chris Tucker) et Shanghai Noon (avec Owen Wilson). Truculente et frondeuse Awkwafina a une belle complicité avec Shang Chi/Simu Liu qui est le véritable cœur du film. Les étincelles comiques qu’Awkwafina produit compensent pour le manque de relief relatif de son partenaire qui aussi bon athlète martial qu’il soit est d’un charisme plus ordinaire.

La volonté des faiseurs du film d’aller au-delà des stéréotypes se manifeste également dans le traitement du troisième personnage pivot du film; celui du père ennemi de Shang Chi. Dans le comics d’origine : Master of Kung-fu ce personnage n’est nul autre que Fu Manchu l’incarnation même du péril jaune dans la culture populaire occidentale. Si dans Shang Chi le film; se père antagoniste continue d’être un tyran ce n’est plus un génie du mal oriental. Au lieu de cela c’est un homme hanté par une perte et habité d’une obsession qui motive ses actions. Comme avec Loki, Killmonger et Thanos, les studios Marvel présentent à nouveau un antagoniste d’une troublante ambiguïté admirablement bien rendu par le charisme mélancolique de Tony Leung. On est bien loin de Fu Manchu.

Il est a noté que la problématique du père et les antagonistes ambiguës sont des thèmes très récurent dans les films du MCU. Shang Chi partage également quelques importants éléments avec Black Panther notamment une belle galerie de femme forte (l’amie, la sœur, la mère etc.) de même qu’un séjour dans un royaume exotique merveilleux (afro-futuriste dans Panther, féerique chinois dans Shang Chi). Par ailleurs, comme presque tous les films du MCU, la confrontation finale dans Shang Chi consiste en un spectacle épique carburant au CGI.

De manière générale, Shang Chi a les qualités et les lacunes typiques des films MCU. D’un côté c’est un film d’action aussi trépidant que ludique, remplit d’humour qui humanise les personnages et les rend attachants alors que de fréquents clins d’œil à l’univers MCU et au comics Marvel sont saupoudrés pour plaire aux connaisseurs. Cela dit, c’est également un film hyper-formaté suivant dans son ensemble les schémas narratifs et thématiques des films Marvel avec quantité de facilités et de maladresses dans son scénario aux ficelles parfois un peu trop évident. Cela ne gâte pas le film, mais le rend quelque peu bancal par moment. On pourrait également reprocher à Shang Chi d’avoir un scénario trop laborieux. C’est que celui-ci a un carnet de commandes particulièrement chargé, car on doit non seulement introduire de nouveaux personnages, mais définir ceux-ci sans avoir recours à nombre de stéréotypes accrocheurs habituels. En dépit de quelques écueils, Shang Chi en tant que pastiche kung-fu et film sinocentrique, constitue dans son ensemble un divertissement agréablement épatant.

Sortie le 3 septembre 2021, Shang Chi a trôné au sommet du box-office pendant le reste du mois. Il est le premier film à passer la barre des 200 millions depuis la réouverture des cinémas suite à la crise pandémique. Le succès du film aura beaucoup conforté la communauté asiatique américaine durement éprouvée par la vague de haine raciste anti-chinoise au cours de la pandémie et Simu Liu est devenu la coqueluche de l’heure. Il sera intéressant de voir comment Shang Chi sera utilisé à l’avenir dans le MCU et si d’autres films d’action sinocentrique américains vont maintenant apparaitre.
 10/19/2021 - haut

Kung Fu Jungle    (2014)
 Un pratiquant fanatique des arts martiaux (Wang Bao-qian) affronte d’anciens champions dans des duels à mort afin de montrer qu’il est le meilleur. La policière responsable de l’enquête (Charlie Young) reçoit une offre d’aide de Hahou Mo (Donnie Yen), un instructeur martial lui-même envoyé en prison pour homicide involontaire pendant un combat. Il affirme détenir des informations importantes sur le tueur kung-fu. Toutefois, Hahou dissimule certains liens avec l’homme recherché.



 Depuis 2005, mis à part la série Ip Man, la vedette martiale Donnie Yen s’est surtout distinguée dans des thrillers d’action comme SPL (2005) Flashpoint (2006) de même que Kung-Fu Jungle. Datant de 2014, ce dernier film est différent des autres. Pour une fois, Donnie n’y joue pas un policier affrontant des gangsters. Son personnage fait plutôt face à un pratiquant martial désaxé. « Le kung-fu c’est un art pour tuer » lance t’il à une victime. Le titre chinois du film, Yat Go Yan Dik Mou Lam, “Le monde martial d’un seul homme”, fait référence à la croyance absolue du tueur kung-fu à une conception chimérique et meurtrière de la chevalerie chinoise.

Ce que l’on pourrait appeler le « duel de héros » est une trame récurrente tant dans la fiction wuxia que le ciné kung-fu. Death Duel de Chu Yuan et Prodigal Son de Sammo Hung, sont deux films présentant ce type de confrontation. En situant cette trame à l’époque contemporaine et en donnant un rôle à la police, Kung-Fu Jungle cherche à réaliser une nouvelle synthèse moderne entre le film martial et le thriller urbain.

Kung-Fu Jungle a bénéficié de pas moins de quatre chefs chorégraphes incluant Donnie Yen lui-même ainsi que Stephen Tung, et Yuen Bun. C’est le réalisateur Teddy Chen qui a pris en charge la mise en scène. On lui doit Bodyguards and Assassins l’un des films martiaux made in Hong-Kong les plus ambitieux et populaire des années 2000. Le tueur kung-fu est quant à lui incarné par Wang Bao-qiang; un acteur de Chine Continentale entrainé en wu-shu mais reconnu surtout pour ses rôles de péquenot mal dégrossi.

Des athlètes martiaux super-performants, une caméra continuellement en mouvement, des échelles de plan variant constamment, un montage vif et serré. Tous ces éléments créeent un spectacle superbement dynamique, à la fine pointe du cinéma d’action moderne. Chaque affrontement se déroulant dans un environnement différent (prison, autoroute, plateau de tournage, etc.), et les combattants employant des techniques martiales distinctes (coups de pieds, prises manuelles, épées), les affrontements sont d’une grande variété.

Le duel final se déroulant sur une autoroute est épique à souhait. Voitures et camions frôlent presque constamment les combattants ce qui donne certains reliefs visuels à l’arrière-plan, mais ajoute peu au suspense. L’emploi de doublures et même d’écran vert est évident dans certains instants “serrés” surtout dans les derniers moments, ce qui gâche hélas un peu la fin du duel.

Kung-Fu Jungle ne se limite pas à être un film d’action. Le troisième personnage est l’officier joué par Charlie Young ce qui permet de donner au film l’aspect d’une enquête policière par moment. Comme une partie du récit est présenté de son point de vue, cela permet de jeter certains doutes sur les véritables intentions du personnage de Yen accentuant le suspense.

Toutefois, le vrai pivot du film se révèle être la dualité entre l’instructeur déchu et le tueur, ce qui étoffe l’intrigue et donne une épaisseur aux personnages. Pratiquants martiaux de haut niveau avec leurs propres codes, ce sont des frères ennemis l’un tourmenté l’autre torturé. Bien que Yen soit la vedette, il n’a qu’un nombre limité de combats. Si le premier affrontement du film le voit se déchainer dans un pénitencier, il faut ensuite attendre presque une heure pour le voir entrer en action à nouveau. Entre ces deux moments, Donnie donne du relief à son personnage meurtri par une faute passée et hanté par une fureur qu’il redoute, mais qui garde également des secrets.

Si Donnie Yen n’entre en action qu’au début et dans le dernier quart du film, Wang Bao-qiang se déchaine à presque chacune de ses apparitions et pas juste au niveau physique. Avec un rictus hideux et de grands yeux fous, il donne au tueur une férocité maniaque terrifiante. Aussi schématique et caricaturale que soit le personnage, Wang a toutefois l’occasion de présenter un côté plus tendre et tragique du Tueur ce qui lui donne une troublante humanité. Pour ceux qui ne connaissaient Wang que pour ses rôles comiques ou semi-tragiques de péquenot naïf, Kung-Fu Jungle a dû constituer toute une révélation.

Des flashbacks, des réminiscences visualisées et même un cauchemar sont utilisés pour présenter des facettes au personnages. Le film stylise également la narration en présentant un des duels, de même que le dénouement en séquences non chronologiques (fin, début, milieu retour à fin). Malgré l’emploi de gimmicks narratifs astucieux, le récit n’échappe pas à une lacune typique des films d’action; les facilités scénaristiques plus ou moins évidentes pour passer par-dessus les invraisemblances, faire rebondir le récit ou créer de la tension. La façon dont sont justifiées les cachoteries d’Haohou ou comment le tueur échappe toujours à la police, sont plus accommodant que vraiment crédibles. C’est le grand défaut de Jungle qui lui donne même un certain côté bancal.

Il est intéressant de noter que Kung-Fu Jungle a un sens d’identité hongkongaise beaucoup plus marqué que la franchise Ip Man. Le film se déroule et a été tourné à Hong-Kong non pas dans un studio chinois et presque tout le monde parle cantonais. Tout comme Bodyguards et Assassins le précédent film de Teddy Chen, Kung-Fu Jungle montre le territoire être envahi par des chinois continentaux pour y commettre des crimes contre ses habitants. D’habitude, les gangsters et les étrangers (surtout des japonais) sont des méchants plus typiques dans le cinéma d’action chinois contemporain. Contrairement à la série Ip Man produite en chine pour un public chinois, Kung-fu Jungle et Bodyguards sont des produits de l’industrie filmique locale et cible le public hongkongais. Les deux films semblent refléter certaines appréhensions voire des anxiétés de la part des citoyens de l’ancienne colonie envers la Chine.
L’identité hongkongaise du film se manifeste également par les nombreux caméos de personnalités ayant œuvré dans le cinéma local. Kung-Fu Jungle se clôt avec une dédicace honorant à la fois les artisans ayant travaillé au film de même que ceux ayant contribué au cinéma d’action hongkongais. On voit ensuite défiler des extraits du film montrant à nouveau tous les caméos de même que des images du tournage présentant les techniciens du film (directeur photo, chorégraphes, maquilleur, etc.) Parmi les caméos, on retrouve David Chiang, Sharon Yeung, Yuen Cheung-yan, Bruce Law, Meng Ho, Tsui Siu-ming et Raymond Chow. Même Jackie Chan et Lau Kar-leung apparaissent via des écrans TV. Des affiches de films de Bruce Lee, Tsui Hark et Chang Cheh sont également entrevues posées sur des murs. Ce défilement se fait sous un air folklorique déjà entendu dans Kung-Fu Hustle de Stephen Chow. Tout comme ce dernier film, Kung-Fu Jungle s’avère un hommage bien senti et bougrement sympathique au cinéma d’action made in Hong-Kong tout en mettant en relief le fait que le film est le continuateur d’un héritage remontant jusqu’à Bruce Lee et plus loin encore.

Malgré ses défauts (les facilités bancales du scénario) et ses ratages (les effets CGI trop évidents de la finale) Kung-Fu Jungle atteint les objectifs visés celui d’être un thriller martial trépidant modernisant le cinéma martial. De plus, Wang Bao-jiang y crée un antagoniste mémorable pour Donnie Yen en tout point digne de ceux joués par Sammo Hung dans SPL, et Wang Yu dans Wu Xia. Au final, on peut considérer Jungle comme un des deux ou trois meilleurs films martiaux hongkongais de la décennie 2010-2020.
Yves Gendron 6/22/2020 - haut

New King of Comedy    (2019)
 Ru Meng (E Jingwen) aspire à être une actrice de cinéma. Pour le moment elle gagne sa vie en faisant de la figuration. Elle espère croiser sur un plateau de tournage un réalisateur, un assistant ou un producteur qui pourra lui donner une chance de démontrer son talent mais elle ne fait face qu’a des avanies. Sa rencontre avec Me Ke un acteur jadis célèbre devenu un histrion minable (Wang Bao-qiang) va entrainer une série d’événements qui pourra peut-être changer son destin.



 En 1999, la super-vedette du cinéma comique hongkongais Stephen Chow joue et réalise son film le plus personnel : King Of Comedy. Il y interprète un figurant passionné et perfectionniste qui rêve de percer comme acteur, mais qui ne connait que des déboires. La prémisse du film a permis à Chow d’explorer de nouvelles avenues comiques, d’élargir sa palette dramatique, de parodier des films tant de Bruce Lee que John Woo ainsi que de dresser un portrait passablement satirique et cruel du milieu du cinéma. Vingt ans plus tard, après avoir surtout réalisé des films qui tiennent de la parodie et du fantastique, Chow a décidé de faire un remake de King of Comedy cette fois tournée en Chine Continentale.

Ayant abandonné sa carrière d’acteur depuis son film CJ7 en 2008 pour se concentrer à la réalisation, Chow ne reprend pas le rôle-titre. En fait depuis King of Comedy, Chow cherche presque toujours à recruter et présenter de nouveaux talents féminins dans ses films, pour tenir des premiers rôles. Cecilia Cheung, Xiu Jiao et Jelly Lin ont tous été découverts par Chow (Yuen Qiu également, mais c’est un cas particulier). Pour New King of Comedy il met les bouchées doubles : non seulement le rôle pivot est tenu par une illustre inconnue, E Jingwen, mais presque toute la distribution est également constituée de nouveaux venus. Le seul acteur reconnu jouant dans le film est Wang Bao-qiang qui est célèbre pour être lui-même passé de figurant anonyme à vedette. Il est l’exemple même du rêve de succès auquel beaucoup aspire.

Jeune femme naïve et empotée, le personnage de E Jingwen n’arrête pas de se mettre les pieds dans les plats d’où l’essentiel de la comédie du film. Chow satirise aussi le monde du cinéma avec encore plus de férocité que le film original. Alors que le premier King parodiait à la fois l’héroic bloodshed à la John Woo et le wire fu bondissant à la Ching Siu-tung, New King of Comedy se déroule pendant le tournage d’un conte de fées transgressif intitulé "Snowwhite : Bloodbath in Chinatown" avec une Blanche Neige transgenre.

Comme il le fait depuis plus de vingt ans, Chow cherche tout autant à émouvoir qu’à faire rire. À mi-chemin, New King prend donc des allures tragi-comiques, tellement les avanies subies par l’héroïne Ru Meng sont cruelles et humiliantes. L’optimisme souriant du personnage et sa clownerie lunaire en font une figure des plus attachante et la voir si épouvantablement traitée pince le cœur. E Jingwen est encore plus poignante que le protagoniste dans le King of Comedy original à la fois parce que c’est une femme et par la correspondance méta entre elle et son rôle. En effet, ayant longtemps travaillé comme figurante, elle a dû souvent connaitre le même type d’expérience que son alter ego fictif.

Le jeu de balance tragi-comique de New King est encore plus prononcé avec le personnage de Me Ke, la vedette « has been » incarné par Wang Bao-jiang. Celui-ci joue un type de protagoniste récurent dans les comédies de Chow (en particulier Sixty Million Dollar Man et God Of Cookery) celui du douchebag arrogant qui doit passer à travers une déchéance bien méritée. Flirtant autant avec l’autoparodie, la satire et la référence méta, la prestation de Wang dans son rôle s’avère autant désopilante qu’étrangement touchante.

Le désir par Chow de mettre en valeur le talent des nouveaux venus qu’il a recruté ne se limite pas à E. Jianwen. La plupart des rôles parlants sont également joués par des débutants ou des inconnus qui ont presque tous droit à leurs propres moments comiques ou dramatiques; qu’il s’agisse de la grosse colère tempétueuse d’un assistant-réalisateur, du tough love d’un père ou du baradinage condescendant d’un séducteur. Il y a également une grosse scène d’audition ou une demi-dizaine de candidats démontre leurs petits talents.

Si la comédie présentée dans New King of Comedy est toujours loufoque et allumée, il n’a plus le caractère absurde, frénétique et bédéesque du Mo Lai To, la forme d’humour associée à Chow. L’emploi récurrent de longs plans-séquences donne au contraire un ancrage réaliste au film. Plusieurs scènes sont ainsi tournées en un seul plan. Cette approche met en valeur le jeu des comédiens, permet des transitions comédie — drame/drame-comédie sans coupure et donne une qualité immersive au récit.

Stephen Chow n’est pas le seul metteur en scène crédité pour New King Of Comedy, on retrouve également Herman Yan de même que deux nouveaux venus : Xiao He et Huang Xiao Peng qui a un petit rôle dans le film. Formé comme chef opérateur/directeur de photographie Yau a du contribuer à la mise en scène des plans séquences du film. Quant à l’aide qu’ont dû fournir Xiao et Huang aucune information n’est disponible sur le sujet. Ils ne sont crédités que pour ce film dans la Hong Kong Movie Databse ce qui suggère que comme la plupart des acteurs du film ils sont des nouveaux venus découverts et recrutés par Chow. Ce dernier a également engagé un groupe pop féminin Jí fēng shào nǚ éliminé dans une télé-réalité afin de chanter la chanson thème du film.

Chow fait quantité de clins d’œil au premier King dans son remake avec par exemple la reprise d’un gag quasi identique joué avec le même comédien qu’il y a 20 ans. Une scène du premier film avec les personnages de Stephen Chow et Cecilia Cheung est également récréée pour un gag méta. Malgré ces reprises, le film ne donne pas l’impression d’être gratuitement dérivatif. C’est qu’il y a quand-même une quantité appréciable de différences et New King se révèlent être un film plus consistant et aboutie tant dramatiquement que narrativement que le film original.

New King of Comedy n’a couté que 8 millions et constitue la plus petite production depuis les débuts de Chow en tant que cinéaste. Commencé en octobre 2018, le tournage n’a duré que quelques semaines et était prêt dès la période des fêtes du Nouvel An chinois trois mois et demi plus tard. King of Comedy est sorti le 5 février 2019, le même jour que le film de science-fiction chinoise : Wandering Earth et un nouveau Jackie Chan ; Knight of Shadow. Si New King a fait bien mieux que le film de Jackie, il s’est quand positionné au quatrième rang au box-office hebdomadaire chinois. En fin de compte, il s’est retrouvé à la 63e position au box-office annuel, tout un recul par rapport The Mermaid le dernier film de Chow qui s’était classé au premier rang en 2016. Production modeste et presque sans vedette, New King of Comedy n’a pas le poids face à une superproduction cosmique comme Wandering Earth. D’un autre côté, de nombreux commentaires sur le NET affirment qu’il s’agit du meilleur film de Chow depuis plusieurs années.

Durant la promotion du film, Wang Bao-qiang a raconté que lorsqu’il travaillait comme simple figurant, le King of Comedy de 1999 aura été une source d’inspiration lors des temps durs et qu’il aura rêvé pendant longtemps de collaborer avec Chow. Malgré le manque de succès relatif de New King of Comedy, le film ne manquera pas d’inspirer une nouvelle génération d’aspirants acteurs au cours des années à venir. Le film constitue un bel hommage à la persévérance et à la validité des rêves et l’espoir de les réaliser.

Au-delà de sa verve comique et dramatique efficace de même que la prestation drôle et touchante de E Jianwen et Wang Bao-qiang, New King of Comedy, présente également une avancée notable de la part de Chow dans le traitement du tragi-comique et de la mise en scène. C’est tout à son honneur que ses efforts se font en conjecture avec sa volonté de découvrir et mettre en valeur de nouveaux talents. Pour toutes ces raisons, New King constitue un film à voir.

À noter que le film de Derek Yee, I am Somebdy prend également comme sujet la vie de figurants dans un studio de cinéma et est également joué par des illustres inconnues.
Yves Gendron 5/23/2020 - haut

Detective Chinatown    (2015)
 En dépit d’un talent étonnant pour l’observation et la déduction le jeune nerd Qin Feng (Liu Hao-ran n’a pas été accepté à l’académie de police. Pour se remettre de sa déception, il part en vacances à Bangkok pour y retrouver Tang Ren (Wang Bao-qiang) un cousin expatrié qui prétend être le meilleur détective du Chinatown de la ville. En fait, il s’agit d’un hurluberlu frimeur. Or voilà que Tang se trouve être accusé de meurtre. Commence alors pour le duo une course poursuite rocambolesque au cours de laquelle non seulement ils doivent échapper à la police et à un trio de malfrats, mais prouver l’innocence de Tang et retrouver un magot d’or volé.



 Detective Chinatown est une comédie haute en couleur remplie de poursuites échevelées avec en son centre une enquête à la Sherlock Homes des plus intrigante. Le duo dépareillé, les quiproquos loufoques et les moqueries irrévérencieuses un brin satiriques sont parmi les nombreuses formules comiques utilisées dans le film. Le film est plein d’ahuris, mais c’est Wang Bao-qiang en faux coupable quasi hystérique qui tient le haut du pavé. Sous ses allures de beau gosse vaguement ténébreux, son partenaire à l’écran, Liu Hao-ran a heureusement assez de gravitas pour faire face à la tornade de bouffonnerie hystérique suscitée par sa co-vedette. Le rôle de jeune nerd du personnage ne se limite pas à celui de faire valoir pince sans rire (un « straight man » en anglais) puisque c’est à lui qu’incombe de faire avancer l’enquête au cœur de l’intrigue en résolvant des énigmes et développant des stratégies.

Conformément à la nature burlesque de la comédie, les scènes d’action de Detective prennent la plupart du temps la forme de poursuites rocambolesques, dignes d’un film de Jackie Chan. Un des membres de la Sing Ga Ban (l’équipe de cascadeur de Jackie), Ng Kong est d’ailleurs l’un des action directors du film. Bien que Wang Bao-qiang soit entrainé dans les arts martiaux dans la vraie vie, son personnage n’est pas un combattant. Il est agile comme un singe cependant et est en mesure de repousser un poursuivant avec un coup de pied ou un coup de poing bien placé, la plupart du temps dans les couilles.

Detective Chinatown est le deuxième film écrit et mis en scène par le comédien Chen Sicheng. Celui-ci s’est inspiré de trois sources distinctes : d’abord les comédies d’action hongkongaises des années 80 de Jackie Chan, Sammo Hung et du studio Cinema City & Films Co. de même que des road movies chinois plus récents (Lost on Journey et Lost in Thailand) centrés sur des couples mal assortis et dans lesquels Wang Bao-qiang jouait déjà des hurluberlus casse pieds. Ensuite, il y a la série britannique Sherlock avec Benedict Cumberbatch qui a connu un énorme succès en Chine. Si Detective Chinatown reprend les effets stylistiques utilisés dans la série anglaise pour visualiser le processus de déduction de l’enquêteur, ce dernier n’est pas une imitation du personnage excentrique et misanthrope joué par Cumberbatch. C’est à la place un jeune intello un brin renfermé, mais très confiant en ses capacités.

Detective Chinatown démontre amplement le flair détonant de Chen pour la comédie, les emprunts créatifs et le mélange des genres. C’est également un excellent réalisateur avec une mise en scène dynamique et un très bon sens du rythme, un double atout qu’il démontre notamment dans son emploi des ralentis pour magnifier les gags. La manière dont il réussit à combiner mystère et farce est fort astucieuse permettant aux spectateurs autant de rigoler que d’accrocher à l’intrigue. Comme d’habitude dans une comédie, la dernière partie du récit se laisse aller à des confidences qui les humanisent au-delà de leurs traits caricaturaux. De façon plus originale, l’ultime retournement du film prend une aura aussi inquiétante que sinistre.

Assez curieusement, bien que Detective ait été tourné à Bangkok et que ses deux protagonistes soient chinois (un immigré et un touriste) le film ne joue pas la carte comique du poisson hors de l’eau. C’est que presque tous les autres personnages sont également chinois et s’expriment en mandarin. C’est à peine si quelques morceaux de dialogues thaïs sont entendus. D’un premier coup d’œil, Bangkok ne semble servir que de toile de fond décorative pour donner au film une ambiance exotico-kitch. Detective pourrait se dérouler dans n’importe quelle ville chinoise sans que cela ne change en rien l’intrigue. Excepté qu’en Chine communiste il est impensable de se moquer des forces de l’ordre comme fait le film. Situer le récit hors de Chine permet ainsi à Detective de présenter des flics incompétents, gaffeurs, corrompus ou en proie à des rivalités intestines loufoques. En somme de vrais poulets sans tête et un délicieux rappel d’une grande tradition comique remontant au Keystone cops du cinéma muet.

Sorti le 31 décembre 2015, Detective Chinatown s’est avéré un très grand succès en rapportant à peu près 156 millions et aura fini en 9e position au box-office chinois de cette année. Depuis lors, Chen Sicheng s’est consacré au développement de suites. Detective Chinatown 2 sorti en 2018 qui se déroule à New York a rapporté 544 millions. Detective Chinatown III situé au Japon était prévu pour la période du Nouvel An chinois en 2020, mais sa sortie a été compromise par la pandémie du Coronavirus.
Avec un ahuri casse-pied d’un côté et un beau gosse ombrageux de l’autre, il se pourrait que le drôle de couple de Detective ne plaise pas à tout le monde. Pour les habitués de la Kung-fu comédie et du cinéma de Hong-Kong, le cabotinage strident de Wang Bao-qiang ne manquera pas de rappeler les numéros grotesques de Dean Shek, Nat Chan ou même Karl Maka. De plus, avec 135 minutes, le film est un peu trop long pour son propre bien. Si on est capable de s’adapter à (ou de tolérer) Wang, Detective fait quand même beaucoup rigoler avec à son centre un mystère bien accrocheur. Au-delà du divertissement Detective est aussi une bonne façon pour voir à quoi à l’air une superproduction comique de Chine continentale, de quelle façon l’humour chinois et occidental se ressemble ou se distingue et avec ses emprunts tant à la comédie made in H-K et la série Sherlock il montre également comment le cinéma chinois assimile des sources d’inspirations « étrangères ».
Yves Gendron 5/20/2020 - haut

Lost In Thailand    (2012)
 Ambitieux col-blanc, Xu Lang (Xu Zheng) doit retrouver son patron parti en voyage en Thaïlande afin de lui faire signer un document important. Un rival (Huang Bo) le suit de près afin de chercher à le planter au poteau. Pour le mener sur une fausse piste, Lang demande l’aide de Bao Bao (Wang Bao-qiang) un touriste croisé en avion. Mal lui en prend car Bao Bao aussi naïf qu’incroyablement gaffeur, lui compliquera la vie de bien des façons. Le périple de Xu Lang en Thaïlande ne sera pas de tout repos.



 Lost in Thaïland est le premier film écrit et réalisé par le comédien Xu Zheng célèbre dans son pays pour son crâne rasé. Pour ce premier essai à la mise en scène il a repris la prémisse d’une comédie qu’il avait tourné en 2010 : Lost on Journey (elle-même inspirée, semble-t-il, de la comédie américaine Planes, Trains and Automobiles) dans lequel un chef d’entreprise devait voyager avec un péquenot rustique. Xu a même engagé sa co-vedette dans ce film : le comédien Wang Bao-qiang. Les grosses différences avec la nouvelle production par rapport à son modèle est qu’elle se déroule en Thaïlande, la comédie burlesque est encore plus prononcée et qu’il y a des scènes de poursuites et d’action.

On ne peut pas dire que Xu réinvente la roue avec Lost in Thaïland tant les personnages sont clichés et la progression narrative convenue. Par contre, il sait quels boutons pousser pour faire rire et sa mise en scène a un certain brio. Malgré sa nature dérivative et quelques petits passages répétitifs, c’est une très bonne comédie enlevée qui fait beaucoup rigoler et qui est très belle à regarder tellement le pays thaï est bien mis en valeur.

Lost In Thaïland a été le champion au box-office l’année 2012 et a même battu quelques records d’entrées. Son succès n’est pas seulement dû à ses situations comiques. Beaucoup se sont reconnu dans le personnage de Xu Lang, un col blanc ambitieux et sous-pression dont l’investissement total dans son travail s’est fait au détriment de sa famille, un problème récurrent dans la Chine moderne. Tel que convenu dans ce type de film, le parcours que connaitra Xu Lang en Thaïlande avec naïf Bao Bao l’amènera à réévaluer sa vie.

Suite au succès monstre de Lost in Thaïland, le producteur de Lost on Journey a poursuivi Xu Zheng pour plagiat et gagner. Cela n’a pas empêcher Xu de reprendre la formule des Lost in pour deux autres films : Lost in Hong-Kong (2015) et Lost in Russia (2020). Wang Bao-qiang n’est pas apparu dans ces films, par contre il est devenu la vedette d’une nouvelle franchise comique les Detective Chinatown dont le premier en 2015 se déroule dans la capitale de Bangkok. Un autre effet du succès de Lost In Thaïland fut de décupler le tourisme chinois en Thaïlande.

Lost In Thaïland est un film qui pourrait être amusant à découvrir pour un spectateur occidental. Tant par son mélange de road movie avec un duo dépareillé et la renommée de ses vedettes. Il est l’équivalent chinois de classiques comiques français comme Le Corniaud ou La Chêvre. Tout comme Detective Chinatown il constitue une très bonne introduction au cinéma populaire chinois et à des comédiens-vedettes reconnus comme Wang Bao-qiang, Xu Zheng et Huang Bo. Certes, il faut un peu de temps pour accrocher aux personnages. Celui de Xu Zheng étant peu sympathique, celui du Wang trop exagérément caricatural. Toutefois, au fur et à mesure que l’histoire avance, que les avanies s’accumulent et que les gags fusent on s’attache de plus aux protagonistes en plus de rire beaucoup.
Yves Gendron 5/20/2020 - haut

Master Z : The Ip Man Legacy    (2018)
 Après avoir été battu par Ip Man, le maitre de Wing Chung Cheung Tin Chi (Max Zhang) abandonne le monde martial et cherche à retourner à une vie ordinaire avec son jeune fils.. Malheureusement Cheung a tôt fait de se retrouver pris au milieu d’une lutte de pouvoir dans le monde criminel de Hong-Kong impliquant une chef de gang redoutable (Michelle Yeoh), le jeune frère teigneux et brutal de cette dernière (Kevin Cheng), un gérant de bar expert en kung-fu (Xing Yu) et un trafiquant de drogue américain (David Bautista). Éventuellement, Cheung n’aura pas d’autres choix que d’employer son redoutable wing chung pour protéger les vivants et venger les morts.





 Après le film d’action contemporain The Brink, Master Z : the Ip Man Legacy est le second film à mettre en vedette l’acteur martial Max Zhang dans le rôle d'un protagoniste héroïque. Il y reprend son personnage de maitre en Wing Chun introduit dans Ip Man 3. C’est le premier film dérivé de la franchise Ip Man. Michelle Yeoh, Tony Jaa et le lutteur américain devenu acteur David Bautista (aka Drax de Guardians of the Galaxy) ont été recrutés pour se mesurer à lui.

Pour Master Z l’implication de Donnie Yen se limite au rôle de producteur et quelques petits flashbacks. Pour la mise en scène, c’est l’action director de Ip Man III le grand cinéaste martial Yuen Woo-ping qui est en charge. Par contre, le scénario est toujours rédigé par le duo qui a œuvré sur la série Ip Man depuis les débuts : Edmond Wong et Chan Tai-lee. Même si le héros n’est plus le même, il est bâti dans le même moule et le récit suit donc à peu près la même formule scénaristique que le reste de la série. On retrouve donc encore une fois un héros expert en kung-fu stoïque appelé à combattre des adversaires chinois d’une part (dont certains ont quand même un bon fond) et des étrangers retors qui tyrannisent et avilissent les chinois.

Max Zhang étant plus jeune que Donnie Yen et entrainé en wushu acrobatique, les combats filmés par Yuen Woo-ping (et chorégraphiés entre autres par son frère cadet Yuen Shun-yee) ont en général une qualité plus extravagante que celle que l’on retrouve la plupart du temps dans le cycle Ip Man. Cela se voit dans une séquence bondissante où une poursuite commencée dans la rue continue en hauteur dans des échafaudages et des affichages néons géants. Certes l’emploi de câbles est évident (à des fins de sécurité) mais malgré l’artifice la scène n’en demeure pas moins assez spectaculaire.

L’emploi de câbles est plus problématique lors de l’affrontement final entre Max Zhang et Baptista. Lors du combat Donnie Yen vs Mike Tyson dans Ip Man III, les aptitudes physiques de l’ex-champion boxeur étaient particulièrement bien mises en valeur. Dans Master Z par contre Baptista est plutôt présenté comme une armoire à glace invulnérable boostée au wire-fu pour l’aider à faire de grands sauts ou projeter son adversaire dans les airs. Certes le duel Zhang/Baptista est haut en couleurs (particulièrement dans la façon fracassante dont ils démolissent le restaurant où se déroule le combat) mais qui n’a pas l’âpreté physique et l’ingéniosité chorégraphique du duel Yen/Tyson et a même un certain aspect factice.

En fait, la meilleure scène de combat du film est celle où avec l’aide d’un ami Max Zhang confronte Michelle Yeoh, son frère et leurs gangsters. Commençant par une mêlée générale suivit d’un double duel avec Michelle Yeoh armée d’un sabre, la séquence voit combattants et caméra virevolter en virtuose dans une superbe séquence martiale qui joue beaucoup sur la profondeur de champ. Un autre bon petit moment à retenir est un « duel » où les personnages de Zheng et Yeoh font glisser avec grâce et dextérité deux verres d’alcool l’un contre l’autre sur une table.

Tout comme Donnie Yen, Max Zhang est un acteur martial qui a du charisme à revendre. La nature stoïque et stéréotypée de son personnage le rend un peu raide, mais quantité d’expressions subtiles font ressortir un brin d’émotions de même que quelques failles. C’est un personnage rempli de regrets, mais qui est habité d’une force tranquille des plus redoutable. Bien qu’il soit au centre du récit, il n’occupe pas toute la place et il est entouré de personnages plus démonstratifs et grégaires auxquels le spectateur peut accrocher. Les scènes de Cheung avec son entourage sont ainsi pleines de charme.

Michelle Yeoh a un rôle plus complexe que le héros et les méchants en jouant une chef de gang qui veut se convertir en femme d’affaires légitime de même qu’une grande sœur qui veut protéger son frère cadet même si celui-ci est une ordure. Elle n’a qu’une scène de combat, mais son personnage est substantiel. Ce n’est pas le cas de Tony Jaa jouant un assassin martial silencieux qui n’a droit qu’à de petites apparitions épisodiques. S’il affronte Max Zhang à deux reprises il s’agit de courtes séquences qui emploient du wire-fu, ce qui est un brin dommage. En fin de compte, sa présence dans le film se confine au gimmick.

Malgré la présence de gangsters chinois, la vraie menace dans le film est les Gweilos : le restaurateur trafiquant de drogue joué par David Baptista bien sûr, mais également les policiers britanniques corrompus. La confrontation finale voit des flics matraquer des civiles menés par un officier plein de morgue british traitant les chinois de chiens. Cette xénophobie galopante est la norme dans les films chinois employés pour galvauder le chauvinisme du public chinois. Après l’approche relativement plus nuancée que l’on retrouve dans Ip Man III (où l’adversaire principal était chinois, Cheung Tin Chi justement), la résurgence appuyée du gros méchant blanc et des impérialistes méprisants est assez décevante. Que le film présente une version réductrice de l’histoire de Hong-Kong qui semble tout droit sortir d’un bureau de propagande de Pékin est tout aussi déplorable. Petite consolation, au moins David Baptista ne joue pas son rôle de façon grotesquement caricaturale.

Master Z n’est pas aussi réussi que Ip Man 2I qui est le meilleur film centré sur le maitre de wing chun. La résurgence du chauvinisme et l’abondance de wire-fu est un peu frustrante. Ces déconvenues sont quand-même quelques peu compensées par les bonnes qualités de production de chorégraphie martiale et de mise en scène du film (comme avec tous les film Ip Man) et une belle-galerie de personnages dont certains sont fort attachant. Malgré ces défauts, Master Z s’avère donc un divertissement aussi robuste que sympathique.

PS : Au moment d’écrire ce texte, un autre film sur Maitre Z est prévu, il reste à voir si les autres personnages introduits dans le premier volet (ceux de Michelle Yeoh, Tony Jaa et Yuen Wah) vont revenir...
Yves Gendron 3/28/2020 - haut

Ip Man 4 : The Finale    (2019)
 Ip Man (Donnie Yen) se rend en Amérique à l’invitation de son disciple Bruce Lee (Danny Chan). Gravement malade, il veut trouver une école qui assurera à son fils une éducation pouvant garantir son avenir. Une fois arrivé à San Francisco il connait des difficultés. Certaines sont liées à la pratique de Bruce Lee d’enseigner le kung-fu à des Américains ce qui va à l’encontre des traditions et dérange beaucoup maitres traditionnels. D’autres sont causés par les manigances de Yankees racistes dont le plus dangereux est un sergent de l’armée expert en karaté et extrêmement agressif (Scott Adkins). Ip Man devra s’interposer pour protéger des Chinois menacer et sauvegarder leurs dignités.

 On dit que plus un maitre en kung-fu prend de l’âge plus il excelle. C’est également vrai de la série Ip Man qui en est à son quatrième épisode et dont les combats sont encore plus excitants que ceux que l’on retrouve dans le premier. Certes, le réalisateur Wilson Wip et ses scénaristes utilisent une fois de plus leurs formules habituelles ayant régi la franchise depuis ses débuts. A : Ip Man fait face à un expert kung-fu chinois d’abord hostile puis ami. B : Il doit affronter un méchant étranger qui menace le bien-être et la dignité des Chinois C : Des problèmes de famille et de santé ajoutent à ses difficultés. C’est le contexte qui fait la différence entre chaque récit.

Ici, Ip Man se retrouve en Amérique grâce à Bruce Lee et le film s’ouvre avec Ip arrivant à l’aréna où se tient le fameux tournoi de karaté à Long Beach de 1964 au cours duquel Lee a fait une démonstration éclatante de ses talents martiaux à un public américain. Tout comme Ip Man n’a jamais affronté de général japonais de boxeur anglais ou de gangster américain, il ne s’est en fait jamais rendu aux États-Unis et Lee n’apparait que pour la forme. La relation cruciale qu’Ip Man connait en Amérique est avec un maitre de Tai Chi qui lui est hostile et la fille ado de ce dernier.

Ayant été troublé par la xénophobie paranoïaque présent dans Master Z : The Ip Man Legacy qui est un dérivé de la série Ip Man; j’appréhendais comment le nouveau Ip allait présenter les Américains. Rien de bien flatteur naturellement, mais comme les propos racistes ou méprisants de quelques yankees emprunte celle que l’on retrouve dans l’ère Trump, cela ne m’a pas dérangé autre mesure. Dans le film, Bruce Lee a des ennuis avec les autres maitres martiaux de Chinatown parce qu’il enseigne à des non-Chinois ce à quoi ils s’opposent parce qu’ils considèrent que les blancs sont des brutes qui les oppriment. L’ironie est que même si Ip Man défend le choix de son disciple, le scénario par le mauvais rôle qu’il donne à quelques belliqueux donne plus raison aux maitres qu’à Bruce Lee. Le portrait de l’Amérique et de ses citoyens est réducteur, mais c’est normal vu la provenance du film. C’est un film chinois pour chinois après tout qui n’a pas à vendre les idéaux/slogans sur les États-Unis surtout à une époque ou ceux-ci sont compromis par leur propre président. De plus, le point de vue décalé des USA présentés dans Ip Man a le mérite de donner une excellente idée de ce que les musulmans, les hispaniques ou d’autres habitants de la planète doivent ressentir lorsqu’ils voient leurs pays ou leurs concitoyens représentés de façon simpliste, condescendante voire caricatural dans un film ou une série TV américaine.

Somme toute, bien que le scénario ne soit qu’une variation des formules habituelles et qu’on retrouve quelques trous narratifs, il est d’assez bonne tenue et même astucieux par moments. Ip Man 4 comme les autres films précédents a toujours été consistant à ce niveau tout comme celui de la mise en scène et des qualités de production. Le film dépeint une Amérique crédible même si le film a été en fait tourné en Grande-Bretagne. Les acteurs non blancs ont un jeu problématique comme presque toujours dans les films kung-fu d’Asie, mais on a vu pire.

Le personnage d’Ip Man étant miné tant moralement que physiquement la gravitas solennelle de Donnie Yen prend une allure assez morne qui n’est guère engageante et devient même un peu lassante à la longue. Heureusement, il est bien entouré par des acteurs plus animés tels Wu Yue et Danny Chan Kwok Kwan. Un élément qui m’a beaucoup distrait est la ressemblance frappante qu’a la jeune actrice qui joue la fille du maitre avec l’acteur martial Eddie Ko : les mêmes sortes d’yeux et de visage. J’étais presque convaincu qu’elle ne pouvait être que sa fille ou petite fille excepté que son nom est Vanda Magraf. À noter également la présence de Lo Meng qui fait une troisième apparition dans la série, un peu plus substantielle cette fois, mais toujours pour se faire rosser en tant que punching bag ambulant. Cela semble être maintenant sa fonction au cinéma.
Tout comme dans Ip Man 3, ce sont les scènes d’action de Yuen Woo-ping et la façon dynamique dont Wilson Yip les filme qui font le film. Comme s’était le cas dans Ip Man III, la chorégraphie de Woo-ping semble élever la mise en scène (mouvements de caméra et montage) vers de nouveau sommet. Avant de voir le film j’étais, là encore, un peu appréhensif parce que j’avais trouvé les combats dans Master Z réalisés par Woo-ping, décevant en général. Heureusement, je m’inquiétais pour rien, Yuen Woo-ping et Yip sont au sommet de leurs formes.

Dans la première moitié du film, le seul combat important est celui de Bruce Lee où il affronte un karatéka américain qui se termine à coups de nunchaku. Une splendide séquence ou Woo-ping et Danny Chan Kwok Kwan pastichent brillamment le combat à la Bruce Lee : des superbes coups de pied aux fameux miaulements. Rien de bien nouveau pour Chan qui fait cela depuis Shaolin Soccer. Ce moment Bruce Lee devrait consoler tous ceux qui ont été déçus et offensés par son petit rôle un brin caricatural dans Once Upon A Time In Hollywood de Tarantino. À noter que Ip Man 4 partage quand même avec Once, la manière très années soixante-dix de représenter Bruce Lee tant dans son look que ses combats martiaux ce qui est bien sûr un anachronisme. Ceux qui ont l’œil pour ce genre de détail remarqueront également que Bruce utilise peu de wing chun dans son duel ce qui est un comble en tant que disciple d’Ip Man. De toute façon, la filiation entre les deux a toujours été utilisée toute le long de la franchise comme une gimmick plutôt qu’un lien concret.

C’est à mi-chemin du film que Ip Man 4 se déchaine au niveau de l’action avec d’abord un duel super-enlevé Wing chun vs Tai chi qui est aussi mémorable que le duel Wing-chun vs Wing chun d’Ip Man 3. Wu Yue un acteur adepte en wu chu y est une révélation. Par la suite, deux karatékas belliqueux entrent en scène pour chercher à remettre les Chinois à leurs places à coup de poing dans une succession d’affrontements haut en couleur; les premiers dans Chinatown, les derniers à une base américaine. C’est l’acteur martial britannique Scott Adkins qui est le grand adversaire du film. S’il joue les antihéros ténébreux dans les films occidentaux, c’est une brute martiale dans les films chinois : d’abord Wolf Warrior ou il est l’adversaire du patriote Wu Jing puis Ip Man 4 ou son sergent karatéka casse-couille est si raciste et arrogant que cela en devient aussi terrifiant que comique. Il se déchaine dans ses deux affrontements, contre le personnage de Wu Yue d’abord et Ip Man ensuite. Comme ce dernier est diminué par une blessure et la maladie, cela accentue le suspense de l’affrontement vu que Adkins est une vraie machine à tuer. Le combat perd alors en stricte vraisemblance ce qu’il gagne en tension et pur spectacle. Cet ultime affrontement, ajouté à quelques flashbacks en ralenties solennelles tirer des films antérieurs pour rappeler la vie et les exploits du maitre, permet de clore la franchise Ip Man sur une note haute (high note dirait les Anglais).

Si Donnie Yen au-delà de ses combats ne m’a pas particulièrement impressionné, j’ai retrouvé ma confiance envers Yuen Woo-ping qui prouve qu’à 75 ans il peut encore contribuer au cinéma d’action, davantage que n’importe lequel autre martial art director de sa génération. J’espère qu’il n’envisage pas la retraite.

Yves Gendron 1/18/2020 - haut

Wandering Earth    (2019)
 Pour échapper au soleil qui devient une super nova, la planète Terre a été équipée de millier de propulseurs pour s’échapper du système solaire. Toutefois, une catastrophe survient lorsque la Terre frôle l’orbite de Jupiter et menace de s’y écraser. Alors que l’astronaute Chinois Liu Peiquiang (Jacky Wu Jing), assiste impuissant au drame d’une station spatiale, sur Terre son propre fils Liu Qi (Qu Chuxiao) et son beau-père (Ng Man Tat) sont impliqués dans une tentative pour sauver la planète réduite à l’état de glaçon cosmique.

 The Wandering Earth est la première superproduction de science-fiction spatiale chinoise. C’est un tournant majeur du cinéma chinois. Jusqu’à alors, les superproductions chinoises à effets spéciaux s’inspiraient surtout de la mythologie fantastique chinoise telle le Roi Singe. Toutefois avec Wandering Earth, le public de Chine a droit pour la première fois à une odyssée cosmique et des héros taïkonautes de leurs pays. C’est tout aussi énorme que The Black Panther pour les Afro-Américains. Ne faisant pas les choses à moitié, Wandering Earth a été également conçu pour être en format Imax et 3D. C’est vraiment une production épique qu’il a fallu quatre ans à produire.

En termes de scénario et de spectacle The Wandering Earth est l’équivalent du film hollywoodien Armageddon avec Bruce Willis sorti en 1998. Le récit est basé sur une nouvelle de l’écrivain sci-fi Liu Cixin qui est le premier chinois à rapporter un prix Hugo pour un roman en 2015.

L’acteur martial Jacky Wu Jing joue un "taïkonaute" (un astronaute en Chine) et a également investi financièrement dans la production du film. Le vieux comparse de Stephen Chow, Ng Man Tat, joue le beau-père du personnage du Wu et son rôle est si distinct de ses prestations comiques que je ne l’ai pas reconnu. Les autres personnages principaux sont le fils et la fille adoptive du taïkonaute ce qui donne par moment à la fresque le caractère plus intimiste d’un drame familial. Le reste de la vaste distribution est constitué d’acteurs pas ou peu connus en occident.



Au-delà de sa stupéfiante prémisse d’une terre baladeuse, The Wandering Earth n’offre rien de bien nouveau par rapport aux superproductions hollywoodiens. De façon générale, c’est une grosse machine à la mécanique bien huilée qui carbure aux clichés et aux emprunts (Armageddon bien sûr, mais également The Day After, et 2001 A Space Odyssey). Tant les personnages que les situations dramatiques sont des plus convenues avec une bonne dose de mélo et de bons sentiments mielleux reposant sur les liens sacro-saints de la famille et l’esprit de sacrifice.

Cela dit, le récit est efficace, les personnages sympathiques et l’univers présenté crédible grâce à des décors détaillés et l’emploi d’effets spéciaux léchés. Si certains effets CGI ne sont pas tout à fait convaincants, d’autres par contre en mettent plein la vue. Les vues rapprochées de Jupiter, de la station spatiale Hélios et de Shanghai pris dans les glaces par exemple sont des plus saisissantes.

Un autre aspect qui est impressionnant est le budget. Au moins six compagnies d’effets spéciaux numériques ont œuvré sur le film de même que la Weta Workshop pour réaliser des scaphandres, des exosquelettes et d’autres accessoires. Malgré tout, au final Wandering Earth n’a couté que 50 millions, une somme certes énorme pour une production asiatique, mais deux à quatre fois moins chère qu’une production de même envergure à Hollywood. Interstellar par exemple a couté 165 millions, Gravity jusqu’à 130).

Wandering Earth a été conçu pour plaire à un public chinois et les remplir de fierté. À ce niveau on peut considérer comme une réussite totale et il constitue un début encourageant pour la science-fiction spatiale chinoise. À quand un Alien, un Star Wars ou un Star-Trek chinois? Pour un public occidental plus blasé en spectacle de ce genre l’attrait est moindre, mais malgré la nature stéréotypée et dérivative tant des personnages que du script, le spectacle en vaut la peine. Il y a aussi quelque chose de rafraichissant à voir une odyssée spatiale qui n’est pas dominée par des héros masculins blancs et des valeurs héroïques occidentales. Bien que chinois centrique le film n’est pas chauvin outre mesure et des échanges en anglais, français et russe se font entendre. Un autre bon point pour le film.
Yves Gendron 2/16/2019 - haut

City Cops    (1989)
 Deux inspecteurs pas trop futés (Michael Miu Kiu-wai, Shing Fui-on) reçoivent comme mission d’êtres les gardes du corps d’un fugitif (Kent Tong) rechercher à la fois par le FBI et des gangsters. Lorsqu’il file entre leurs doigts, les policiers n’ont pas d’autre choix que de surveiller sa sœur (Suki Kwan). Quand des gangsters kidnappent la jeune femme, une inspectrice du FBI (Cynthia Rothrock) vient à la rescousse.

 Parmi la dizaine de films que Cynthia Rothrock fit à Hong-Kong, City Cops est un des moins connus. C’est pourtant le film dans lequel Rothrock croise le fer avec une autre dame du genre « girls with guns » : Michiko Nishiwaki. Il s’agit là de son second et dernier duel de Rothrock contre une autre amazone martiale dans un de ses films hongkongais après celui de Karen Shepard dans Righting Wrong.

Lors d’une entrevue, Rothrock a décrit sa participation à City Cops comme suit : une partie du film avait déjà été tourné et ça ne sortait pas très bien. « Ils » (les producteurs/metteur en scène présumément) se sont alors dit qu’en engageant Cynthia Rothrock ça sortirait peut-être un peu mieux. Rothrock a travaillé environ une semaine sur City Cops dont elle n’a pas conservé grand souvenirs et ignorait le titre anglais.

CONTEXTE HISTORIQUE : UNE HISTOIRE DE FLIC
Au départ, City Cops n’a pas été songé comme un film girls with guns. Comme bien des productions made in h-k, il a plutôt commencé comme le calque d’un film à succès; dans ce cas-ci, Tiger on the beat mise en scène par Lau Kar-leung. Centré sur un pair de policiers ahuris (l’un d’eux joué par nul autre que Chow Yun-fat), Tiger a su combiner dans un mélange détonnant tant la comédie bouffonne, que le film d’action et le polar violent. Le film connut un tel succès qu’il s’est élevé au cinquième rang du box-office local pour l’année 1988. La réussite du film aura vraisemblablement amené le propre frère de Lau Kar-leung, Lau Kar-wing à vouloir faire un film dans le même genre, vu qu’il était également un réalisateur.

City Cops est le film que Lau a tourné. Sa trame générale est en fait presque exactement la même que Tiger on the Beat : une paire de policiers fanfarons d’un côté, des gangsters de l’autre et une jolie fille sexy prit entre les deux. Ici les deux policiers sont joués par Shing Fui-on et Miu Kiu-wai.

Alors que le premier est surtout connu en occident pour ces rôles d’affreux notamment pour le classique The Killer, le second pourrait être décrit comme un Chow Yen-fat de second ordre; un acteur beau gosse et versatile capable de jouer autant les figures tragiques que les bouffons. C’est lui qui a remplacé Charlie Chin dans la série des Lucky Stars y reprenant le rôle de séducteur de pacotille, un type de personnage qu’il reprend pour City Cops.

Lau a dû penser que mettre ces deux comédiens ensemble pour jouer une paire de flics ahuries pourrait être drôle, mais hélas, cela s’est avéré une fausse bonne idée. Prit avec des gags éculés, stupides ou de mauvais gouts (sur le Sida ou les travesties par exemple) de même que des personnages sommes toute peu sympathique, Shing et Miu font de bien piètres larrons et les épisodes comiques du film tombe passablement à plat.

Que la comédie ne soit pas trop bonne et le récit des plus conventionnels est un peu surprenant quand l’on considère que le script de City Cops est de Barry Wong vu comme un des meilleurs scénaristes du cinéma de Hong-Kong des années quatre-vingt et début quatre-vingt-dix. Il faut quand même considérer que City Cops était un des huit scénarios qu’il a écrits en 1989.

La venue de Rothrock ajoute un élément girls with guns dans l’ensemble déjà passablement hétéroclite de City Cops. Bien qu’elle ait été engagée pour énergiser les scènes d’action du film, l’actrice est elle-même impliquée dans quelques sketchs comiques qui comme tout le reste ne lèvent pas ou son juste trop grotesque. Comme Rothrock ne connaissait pas le cantonais et mimait ces dialogues, elle n’avait probablement pas une grande idée de ce qui se passait en fait dans une scène. Le grand gag concernant son personnage est que le flic joué par Shin tombe amoureux d’elle et il flirte en l’appelant affectueusement « Honey ».

SCENES D’ACTION : ROTHROCK A LA RESCOUSSE.
Heureusement, Rothrock est employée de bien meilleure façon dans les scènes de combat. Le premier survient 5 min dans le film et consiste surtout en une série de fusillades. Ce déroulant dans un immeuble délabrer plonger dans noir la séquence bénéficie d’une atmosphère visuelle ténébreuse au vif éclat rouge et vert.

Par la suite, Rothrock a à faire face entre autres à un sabreur japonais qu’elle finit par contrer avec l’emploi bref, mais efficace d’une paire de saïs. Elle se mesure également contre un gangster martial joué par nul autre que Mark Houghton le propre disciple de Lau Kar-leung, qui était alors en début de carrière dans ces apparitions d’homme de main gweilos.

Le grand morceau d’action du film survient lors du dénouement ou Rothrock fait face à Michiko Nishiwaki dans un vaste entrepôt (le champ de bataille typique dans les films d’action des années quatre-vingt). Tout comme Rothrock, Nishiwaki a vraisemblablement été engagé à la dernière minute pour rehausser le film. D’ailleurs, elle n’apparait que dans trois scènes incluant celle de l’affrontement final. Malgré la brièveté de ses apparitions, Nishiwaki fait une superbe impression avec l’intensité de son regard et son costume mao tout blanc.

Le duel est relativement bref, mais assez spectaculaire. Alors que Rothrock est une artiste martiale, Nishiwaki est une championne du culturisme qui se double d’une gymnaste extrêmement flexible. Le combat des deux dragonnes met bien en valeur les qualités physiques distinctes de deux actrices. Le duel devient encore plus tourbillonnant lorsque l’homme de main joué par Mark Houghton s’en mêle.

Miu
et Shing participent également au dénouement, Miu se débrouille fort bien avec une mitraillette et un peu de kung-fu alors que Shing plus simplement abat des truands avec un revolver.

Bien que le film ne présente pas les meilleures prestations de Rothrock, ces combats n’en constituent pas moins les meilleurs éléments du film et de loin. Si, tel qu’escompté, l’implication de Rothrock (et de Nishiwaki) sauve City Cops du désastre, il n’en demeure pas moins que le film est des plus inégal.

CONCLUSION.
Ultimement, City Cops ne semble pas avoir fait grande impression lors de sa sortie. Ainsi au classement annuel de Hong-Kong pour l’année 89, il s’est positionné au 108 rang, soit 103 positions plus basses que Tiger on the beat le film qu’il cherchait à émuler. Il s’est également retrouvé trente-quatre positions plus basses que l’autre film de Rothrock présenté cette année-là Blonde Fury.

Cela dit, l’expérience peu concluante de City Cops ne découragea pas Lau Kar-wing qui réalisa en 1990 un autre film de policiers ahuris excepté que celui-ci mettait en vedette Sammo Hung et Mak Kar : Skinny Tiger and Fatty Dragon. Ce film-ci connu un meilleur succès surpassant même au box-office la suite de Tiger on the Beat toujours réaliser par Lau Kar-leung.

City Cops est disponible de nos jours sur YouTube. La plupart des critiques évaluant le film suggèrent de sauter tout droit sur la scène d’action pour s’éviter un affligeant spectacle d’humour lamentable. C’est une démarche que je recommande également. L’action de Rothrock, Nishiwaki et même d’un jeune MMark Houghton (qui a pris la succession martiale de Lau Kar-leung depuis le décès de ce dernier en 2013) en vaut la peine.

City Cops n’a pas de titre français connu. Flics urbains est la traduction du titre anglais. Les autres titres anglais du film sont Beyond the Law (Au-delà de la loi) et Free Fighter (Le Combattant libre). Aucun de ces titres de donne une idée du film. Le titre chinois (donc le vrai titre) est Miao Tan Shuang Lung ce qui signifie « Le magnifiques duo détectives dragons » est plus imagé, mais en vue des héros ahuris qu’il présente passablement faux.


Yves Gendron 11/1/2018 - haut

China O'Brien    (1990)
 Experte martiale et policière dans une grande ville, China O’Brien (Cynthia Rothrock) laisse tout tomber le jour ou suite à une embuscade un ado trouve la mort. Retournant à son patelin natal elle découvre que son père le shérif du comté a d’énormes difficultés à faire face à la corruption et à la violence suscitée par un homme d’affaires véreux. Lorsque son père est tué, China est déterminée à reprendre la lutte. Elle est aidée par Matt (Richard Norton) un ex-marine qui est son ancien amoureux et Dakota (Keith Coorke) un Amérindien ayant ses propres comptes à régler avec le ripou et sa gang.

 Datant de 1990, China O'Brien est le premier film de langue anglaise dont l’actrice martiale Cynthia Rothrock est la vedette en titre. Il devrait être également le premier film martial américain dont le héros est une femme.

CONTEXTE DE PRODUCTION (UN WESTERN MODERNE)

Produit par la Golden Harvest, les dirigeants du studio espéraient avec ce film lancé Rorthrock en Amérique et percé le marché du film international. Pour ce faire, ils ont fait appel à leurs fréquents associés : le producteur Fred Weintraub et le metteur en scène Robert Clouse. Ceux-ci les avaient déjà aidés à lancer Bruce Lee avec Enter The Dragon (1973) puis Jackie Chan; avec Battle Creek Brawl (1980).

Si la Golden Harvest est le commanditaire du film, China O’Brien est toutefois une production complètement américaine. Presque tous les acteurs de même que l’équipe de production du film viennent des É.-U. et le film a été tourné dans une petite ville rurale dans l’état du Utah. À part Rothrock la seule figure familière du cinéma de Hong-Kong que l’on retrouve dans ce film est le karatéka australien Richard Norton qui joue son amoureux.

Alors qu’Enter The Dragon s’inspirait du film d’espionnage et que Battlecreek Brawl mélangeait le film de gangsters et la screwball comédie, China fait dans le western moderne. Le film présente après tout un shérif qui s’oppose à la tyrannie et la corruption d’un affairiste véreux dans une petite ville. Un guerrier amérindien vient même donner un coup de main au héros. Au lieu d’être un cowboy valeureux, armée d’un revolver le héros de China est une jeune femme qui fait du kung-fu.

Rothrock ayant surtout joué des rôles de policière de choc étrangère dans ces films hongkongais, l’idée d’en faire une ex-flic qui revient au pays natal pour affronter de gros redneck yankees en terre américaine n’est pas du tout mauvaise. Cela permet de présenter un coté plus intime au personnage de Rothrock qui retrouve parents et amis cela dans un contexte et avec des personnages typiquement américains. Rothrock à d’ailleurs confier lors d’une entrevue que parmi tous les rôles qu’elle a joué celui de China était celui qui était le plus proche de sa personnalité.

Rothrock a beau être la vedette du film, plus celui-ci progresse plus elle fait de la place à deux faire valoirs ; Richard Norton (Matt) de même que Keith Coorke (Dakota). En fait, China O’Brien reprend un schéma scénaristique similaire à celui que l’on retrouvait déjà dans Enter the Dragon. Celui-ci présentait en effet trois protagonistes chacun de races différentes auquel autant d’attention était offerte à tour de rôle : un chinois, un blanc et un afro-américain. On espérait de cette façon attirer le plus de spectateurs possibles. China emploi une stratégie similaire de diversification des héros excepter que ceux-ci prennent la forme d’une femme, d’un blanc et d’un pseudo indien (Coorke étant mi — japonais mi-caucasien).

Si Rothrock et Norton sont des figures reconnues du cinéma d’action hongkongais; Keith Coorke lui est une vedette mineure du film d’action américain. Expert en wushu, en karaté et en taekwondo son look ténébreux stoïque de même que son athlétisme martial bondissant font songer un peu à Donnie Yen. D’ailleurs, un des premiers affrontements du personnage le voit faire un double coup de pied sauté atteignant deux adversaires simultanément ce qui est également un des coups de marque de Yen. Coorke s’étant cassé la main gauche avant le tournage, son personnage est mutilé par les méchants et porte un gant prothèse.

SCÈNES D’ACTION
China O’Brien contient une demi-douzaine d’affrontements qui se déroule entre autres dans un bar, une allé obscur, un rallye politique, un gym et même une étable. Ils sont tous filmés en plan séquences, une approche qui a la vertu de mettre bien en valeurs l’athlétisme martial des acteurs et de paraitre robuste et réaliste. Toutefois, malgré leurs vigueurs physiques les scènes de combat de China O’Brien sont moins flamboyantes et beaucoup plus poussives que ceux que l’on retrouve dans les films hongkongais de Rothrock.

Le calibre moins extravagant des combats à l’américaine s’explique entre autres par l’emploi de cascadeurs qualifier mais moins casse-cou que ceux de HK, un rythme moins vivace, une chorégraphie à la fois moins féroce et un emploi du montage plus limité.

Aussi le cinéma américain a en général une conception différente des scènes de combat. Habituellement, le héros démontre sa valeur en étant une force irrésistible qui démolit ces adversaires. Cynthia et ses comparses font de même dans China en faisant face à des dizaines de fier à bras dont aucun n’est à leurs mesures. Cela donne un spectacle de bagarres qui bien que ludique à un certain niveau (surtout lorsqu’il implique une petite blonde contre des loubards ayant deux fois sa taille) ne suscite guère de suspense.

Les deux meilleures bagarres du film sont celles du gymnase et du bar. Ces deux séquences font un emploi judicieux de l’environnement et de quantités d’accessoires. Les adversaires ne font pas juste s’échanger des coups de poings et de pied, ils se lancent tout de sorte d’objet sur eux incluant des poids d’haltérophilie et des vases. Cette façon de se bagarrer de même qu’une cascade dans lequel une moto passe à travers une vitrine pour écraser un adversaire suggère une influence probable du style d’action à la Jackie Chan (en particulier de Police Story) en beaucoup moins virtuose naturellement.

Assez curieusement, même si elle est la vedette du film, ce n’est pas le personnage de Cynthia Rothrock qui affronte le grand méchant pour le dénouement. Cet honneur revient au personnage de Keith Coorke. Le méchant en question étant un vieux pourri sans aucun kung-fu (il n’a rien d’un M. Han, le méchant de Enter the Dragon) la confrontation entre les deux antagonistes se joue comme un jeu de cache-cache dans une étable. La mise en scène fait un emploi judicieux d’ombre et de clôtures en bois pour découper l’image en une série de ligne verticale, une stylisation visuelle (la seule du film) qui évoque la fameuse scène de la galerie des miroirs vue dans Enter the Dragon. Comme le vieux pourri et Dakota emploi des armes à feu China ne se termine pas sur un corps à corps épique ce qui un peu décevant pour un film martial.

SURVOL CRITIQUE
Au-delà du caractère ludique des bagarres et de sa gimmick d’avoir une femme combattante comme héroïne il n’y a pas grand-chose à retenir de China O’Brien., à tout le moins pour un fan de film d’action made in H-K.

C’est un film d’exploitation assez bancal reposant sur des formules scénaristiques dérivatives remplies de personnages et de situation aussi clichées les unes que les autres. Les méchants quant à eux sont juste des crapules sans envergures.La qualité de l’interprétation est aux mieux moyenne en générale. La grosse scène dramatique de Rothrock fait dans l’hystérie maladroite et pour un américain du Midwest le personnage de Norton a un joli accent australien.

Ceci dit malgré leurs limites d’acteurs les deux protagonistes créent quand même des personnages sympathiques et crédibles tant dans leurs personnalités que leurs relations; une belle complicité unit tant les personnages que les acteurs qui les jouent. C’est le meilleur atout du film.

INFORMATIONS SUPPLEMENTAIRES.
L’histoire du film vient de la propre fille du producteur Fred Weintraub; Sandra, que Clouse développa en scénario. Sandra c’est peut-être inspirer du film Walking Tall un film de 1973 dans lequel un shérif intègre fait face à la violence et la corruption en pleine Amérique rurale.

Weintraub et Clouse ne se sont pas arrêté à faire un seul film lors du tournage de China O’Brien, ils sont également filmés la suite. Celle-ci reprend les mêmes acteurs et le même type de méchants des fiers à bras diriger par un mafieux sans aucun art martial.

Petit détail amusant ; les spectateurs avec le sens de l’observation ne manqueront pas de noter que l’apparence luxueuse de certaines automobiles tranche avec ce que l’on retrouve en Amérique rurale. En fait, il semble que China O’Brien fait dans le placement publicitaire comme d’autres films de la Golden Harvest notamment ceux de Jackie Chan. C’est la seule explication logique pour expliquer la présence de véhicule si incongrue dans le film.

CONCLUSION
China O’Brien n’est pas un film qui aura bénéficié du même niveau de ressources et d’ingéniosité que Enter The Dragon, Battle Creek Brawl ou les principaux films hongkongais de Rothrock. Cela est bien dommage considérant le talent martial de cette dernière. Cela dit, China O’Brien n’avait pas le même type de vedette que les films de Bruce Lee et Jackie Chan et n’était pas tout à fait destiné au même genre de public.

China O’Brien ne semble pas avoir remporté le succès escompté en salle. Par contre, il aurait été plus populaire en tant que produit DVD et aurait ainsi contribué au développement du marché des films d’action « » direct to video » » (dtv) au cours des années quatre-vingt-dix. C’est d’ailleurs là que Rothrock poursuivit sa carrière une fois que sa phase hongkongaise terminer.

Maintenant vieux de plusieurs décennies, China O’Brien peut être considéré comme une antiquité filmique passablement vétuste. Bien qu’il s’agisse du premier film martial féminin provenant des États-Unis son importance historique et ses qualités formelles sont assez limité.

Il pourrait quand même être d’un certain intérêt comme curiosité pour des admirateurs de Rothrock même si le film ne se compare en aucune manière à ces films hongkongais. La seule nouveauté que China offre par rapport aux films Made in H-K est d’entendre l’actrice parlée avec sa propre voix de même que le spectacle un tant soit peu ludique de la voir se bataillé avec de gros red-necks.


 10/28/2018 - haut

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