A propos du premier Infernal Affairs |
HKCinemagic.com: Comment Infernal Affairs a-t-il vu le jour ? |
Alan Mak: aux alentours de 1998, j'ai vu FACE/OFF (Volte Face),
j'ai vraiment aimé ce film. Pour John Woo c'était très difficile de faire un film à Hollywood tout en gardant son propre style. Car l'industrie du cinéma à Hollywood obéit aux règles des producteurs, c'est difficile pour un réalisateur de s'exprimer en utilisant son propre style. Dans ce cas, John Woo avait un droit de regard sur le montage final et ça s'est avéré très bon. L'idée de la chirurgie plastique permettant de changer de visage et de changer de corps était néanmoins peu crédible. Donc avec ce film comme inspiration, j'ai commencé à réfléchir à une histoire dans laquelle deux personnes inter changeraient leur identité. Infernal Affairs est vraiment parti de là. A Hong Kong il y a énormément de films sur les policiers infiltrés, mais nous n'en avons pas beaucoup avec un membre des triades infiltrant la police. En fait, je pense que tous les réalisateurs à Hong Kong sont influencés par John Woo.
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HKCinemagic.com: Est-ce que vous imaginiez plus Infernal Affairs comme un film policier ou comme un film d'action ? |
Alan Mak: Dès le début nous avons été sollicités pour intégrer plus d'action dans le film. Au moment de la vente du film, par exemple, on m'a demandé si je pouvais y inclure plus de scènes d'action. Donc, je leur ai demandé combien d'argent en plus le film ferait si je rajoutais de l'action, mais ils ne pouvaient pas répondre à ma question. Depuis le début je voulais rallonger les scènes d'action de trois ou quatre minutes, mais Andrew ne voulait pas en entendre parler, parce qu'il pensait que l'histoire était ce qui intéresserait plus le public.
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Face Off: Tony Leung et Andy lau |
Les gens demandent toujours comment nous avons fait pour avoir Tony Leung et Andy Lau dans ce film. Il n'est pas commun des les voir ensemble. Le cinéma hongkongais était dans une mauvaise passe, ils voulaient tous deux trouver un bon projet sur lequel ils pourraient coopérer et ainsi faire un bon film. Ils ont lu le script et ont été séduit par l'idée. Avoir un script avant qu'un projet ne se mette en place est rare à Hong Kong. Dans ce cas le fait d'avoir un bon scénario a été un atout.
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HKCinemagic.com: Comment avez vous abordé le style du film ainsi que les effets visuels ? |
Andrew Lau: Quand je supervise un scénario, à cause de mon passé de directeur de la photographie, cet aspect devient essentiel. Quand je travaillais sur CITY ON FIRE, l'éclairage du film, les images sombres, les mouvements de caméra étaient très différents de ce qui se faisait habituellement à Hong Kong. J'utilisais beaucoup le vert et le bleu sur la palette des couleurs ainsi qu'un éclairage naturel sans correction pour donner un style très distinctif.
Pour Infernal Affairs, j'ai collaboré de très prés avec
Christopher Doyle qui a passé beaucoup de temps en laboratoire à travailler sur les couleurs dans le but d'obtenir une bonne synchronisation afin qu'elles soient exactement en accords avec ce que je voulais. Je voulais créer tous les éclairages, mais je ne voulais pas avoir à fignoler les lumières au moment du tournage. J'ai travaillé avec les directeurs artistiques sur l'éclairage. Par exemple, au poste de police, nous voulions utiliser des lumières fluorescentes. J'ai contrôlé la conception de l'éclairage sur le tournage, mais j'ai quand même dû continuer à étudier l'aspect du film en post-production.
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Visuels par Andrew Lau et Christopher Doyle |
Sur le tournage nous étions tellement débordés que j'ai évité le problème de l'ajustement de la lumière, donc Christopher Doyle a eu beaucoup à faire en laboratoire. Beaucoup de gens m'ont demandé pourquoi je voulais avoir Christopher Doyle alors que je suis un directeur photo accompli, mais il m'a beaucoup aidé au moment de la post-production à créer l'image que je voulais pour Infernal Affairs. Je lui ai fait confiance pour ça.
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HKCinemagic.com: Pourriez vous parler de la bande originale d'Infernal Affairs et de comment vous avez fait pour choisir la musique ?
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Andrew Lau: Le choix de la musique pop taiwanaise était évident (« The Forgotten Times » de Tsai Chin) parce que nous utilisions ce CD pour tester le son. La personne qui s'occupait des repérages se servait toujours de cette chanson pour tester l'équipement. La chanson est aussi très bonne.
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HKCinemagic.com: Aviez-vous prévu le succès d'Infernal Affairs au moment où vous réalisiez le film ? Saviez-vous que vous alliez sauver l'industrie cinématographique hongkongaise avec ce film ? |
Andrew Lau: Bien sûr que non. C'était un moment difficile, une époque horrible à Hong Kong. Les chiffres du box office étaient très bas. Avant Infernal Affairs, j'ai monté cette compagnie (Base Production Ltd.), les gens pensaient que j'allais perdre de l'argent. Beaucoup voyaient l'industrie cinématographique hongkongaise comme une industrie sur le déclin. Ils pensaient que j'avais du cran de lancer une nouvelle compagnie et se demandaient pourquoi. Pourquoi pas ? Je ne connais que le cinéma, donc que pouvais-je faire d'autre ? Nous devions continuer et faire des films.
Même aux meilleurs moments il est dur de frapper aux portes, trouver un producteur et des investisseurs.
Media Asia aimait l'idée, j'ai parlé à un de leurs producteurs exécutifs qui avait compris que c'était un film avec un concept fort. Il a essayé de faire monter le budget pour nous. J'ai tenté de faire des calculs afin de déterminer combien j'aurais besoin pour le film. Mais même avec les calculs, l'affaire était incertaine. Même en rapportant 20 millions de dollars HK au box office nous aurions encore perdu de l'argent. Au total, le budget était de 50 millions de dollars HK. Les acteurs représentaient un tiers de ce budget. A ce moment, les investisseurs s'attendaient à un budget réparti 50/50 entre le casting et les coûts de production mais je voulais plus pour la production afin d'avoir le style visuel que j'imaginais pour le film.
Avec ce budget, j'ai pu utiliser un orchestre complet pour la musique. C'était la première fois dans l'histoire du film hongkongais qu'un orchestre symphonique était employé pour la musique. Avant ça on utilisait un synthétiseur, mais cette fois c'était un vrai orchestre. Une grande partie du budget a été employée à créer la qualité que l'on voit à l'écran que ce soit sur les plateaux, le son ou pour tous les détails. Par exemple, une voiture qui n'a été utilisée que pour une seule prise coûte 20 000 dollars HK. Nous voulions faire un film de grande qualité. |