Outre les incontournables longs métrages qui ont consacré l’acteur comme une star du Kung Fu, le festival projetait quatre films de la première partie de carrière du petit Dragon, quand celui-ci était encore enfant. Une opportunité bienvenue non seulement parce que cette facette de sa filmographie est mal connue mais aussi parce que les films cantonais de la période sont difficiles à voir (excepté tard le soir sur certaines chaines hongkongaises).
Les quatre titres en question étaient The Kid de Fung Fung (le père de Fung Hak On et Petrina Fung Bo Bo), In the Face of Demolition de Lee Tit, The Thunderstorm de Wu Hui et The Orphan de Lee Sun Fung.
D’un point de vue cinématographique, leur intérêt varie considérablement. The Kid présente ainsi une mise en scène quasi inexistante (on est en face à du théâtre filmé) et un scénario extrêmement simple. In the Face of Demolition et The Thunderstorm montrent de nets progrès dans ce dernier domaine mais conservent des réalisations rudimentaires. L’intérêt principal est donc essentiellement historique. Voir ces films permet de mieux saisir l’évolution qu’a connue le cinéma local et quelles étaient les préoccupations de l’époque.
Bruce Lee dans The Orphan
Et c’est également l’occasion de découvrir un Bruce Lee tout jeune, de ses 10 ans à ses 20 ans. Une période pendant laquelle le garçon aura travaillé sur pas moins de 17 productions ! Pour les amateurs du petit Dragon, ces films sont un peu le chaînon manquant de sa carrière. Ceux qui permettent de mieux comprendre son succès futur. Car dès ses débuts, on est frappé par le charisme de l’enfant, son naturel et par la présence de certaines des mimiques qui deviendront sa marque de fabrique (mâchoire contractée, passage du pouce sur le nez). Tout était déjà là à l’époque. Ne manquait que le Kung Fu pour que le fils de Lee Hoi Chuen devienne la star martiale que l’on connaîtra. On sent d’ailleurs déjà une certaine propension à chercher la bagarre chez le jeune garçon… On peut se demander si ces différents traits tenaient davantage aux rôles qu’on lui donnait ou bien correspondaient à la personnalité profonde de Bruce Lee. La répétition de ces attitudes de films en films, les contraintes de production de l’époque (les longs métrages étaient tournés en quelques jours et la direction d’acteur limitée) laissent à penser qu’il s’agissait bien d’attitudes naturelles chez le futur maître de Jeet Kune Do. Les découvrir ne pourra que fasciner les fans de l’acteur et leur permettra d’appréhender de manière plus complète la personnalité de leur idole.
A noter que, pour ceux qui sont désespérés à l’idée de voir le jeune Lee Siu Lung, des extraits de ces films de jeunesse sont présents dans deux œuvres de Brucexploitation The Real Bruce Lee et Fist of Fear, Touch of Death. Dommage que pour ce dernier, les producteurs Américains aient redoublés les dialogues pour faire passer le mélodrame cantonais pour une histoire à la Karaté Kid (?!). Voir également le dossier d'Yves "Quand Le Dragon était petit", pour un regard historique sur les films du jeune Bruce Lee.
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