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CJ7 (2008) |
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CJ7, un ovni tragi-comique.
Après Shaolin Soccer et Kung Fu Hustle on peut s’attendre à n’importe quoi de la part du déjanté Stephen Chow. N’importe quoi, c’est bien ce qui qualifie le mieux, pour le meilleur et pour le pire, cette fable pour enfant. Les scénaristes se sont mis à cinq, pour accoucher de ce délire qui balance entre le grotesque farfelu et le conte moralisateur, avec plus ou moins de bonheur et de réussite.
Il est difficile de rentrer dans cette histoire courte, vaste pantalonnade sans crédibilité. C’est dommage car même si le scénario est seulement un prétexte à la fantaisie, CJ7 aurait mérité plus de soin pour captiver les grands spectateurs. Il est indéniable que les amateurs retrouveront les grosses farces des comédies hongkongaises, les visages figés entre comédia del’arte et mangas, les tics et les ficelles des amusantes pitreries du cinéma des frères Hui et consorts. Mais parce que c’est aussi et surtout un film pour enfant, il faut aussi s’attendre à des frustrations : des gags qui auraient mérité d’être plus aboutis, des situations qui manquent d’ampleur et des longueurs qui frôlent la niaiserie.
CJ7 est sorti à Hong Kong pour le nouvel an Chinois ; c’est le blockbuster du moment, le film qu’on montre à tous les enfants en vacances en cette période de bonheur obligatoire et de prospérité promise où la morale est plus que jamais de mise. Il est difficile d’imaginer les petits Européens ou Américains s’esclaffer devant CJ7. La bête est mignonne et pourrait faire la fortune des fabricants de peluche mais il est, dans le fond comme dans la forme, très marqué par des références culturelles asiatiques. Si le film est promis à une belle carrière asiatique, il y a en revanche fort à parier qu’il va déstabiliser le jeune public occidental et décevoir les fans adultes de ce genre de cinéma.
Certes, Stephen Chow ne résiste pas à la tentation d’épicer son film de quelques scènes un peu plus surprenantes (ce qui lui vaut paradoxalement la mention légale IIB à Hong Kong). On retrouve quelques bagarres loufoques, un comique de situation bien trempé… mais on est loin du rythme des précédentes créations pour ados et adultes. CJ7 s’oblige à verser dans un pathos assez typique d’un certain cinéma asiatique, a fortiori pour enfants. C’est un peu lourd passé les 12 ans d’âge mental…
Les 20 millions de dollars au budget et les moyens techniques déployés n’ont-ils pas un peu corrompu l’esprit bon enfant des précédentes réalisations de Stephen Chow ? Peut-être… CJ7, en ersatz du Flubber américain, est sûrement bien trop mis en avant pour les prouesses informatiques qu’il représente. Après tout, c’est une histoire d’enfant et cet angle était bien plus intéressant à traiter. Stephen Chow acteur, se fait d’ailleurs discret pour laisser la part belle au jeune acteur qui interprète Dicky.
La morale, par contre, sonne juste dans une Chine où l’éducation est contrariée par le pouvoir de l’argent et les violents contrastes de développement. Sans aller jusqu’à la satire sociale, Stephen Chow propose un arrière-plan plutôt réaliste. L’histoire se passe à Ningbo, l’une de ces villes chinoises modernes, tentaculaires et multimillionnaires, glauques pour ceux qui n’ont pas les moyens et aseptisées pour une petite partie de la population aisée...
Au final, CJ7 navigue entre plusieurs genres et les mélange brutalement ; il offre quelques rires et des sourires… et pas mal d’occasions de s’étonner des loufoqueries scénaristiques. Le mieux est de laisser son cerveau à l’entrée et de regarder les frasques de Dicky et de son CJ7 avec des yeux de bambin.
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François Drémeaux 2/13/2008 - haut |
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