Hong Kong Cinemagic
Version française English version
 Critiques   Forum   Facebook  
 Personnes
 Films
 Studios
 Lexique
 Vos réglages

Rech. HKCine
Utiliser la Recherche Google
>> Aide

 Réalisateurs
 Acteurs
 Techniciens
 Producteurs

 Arts martiaux
 Action / Polar
 Comédie
 Drame & Opéra
 Catégorie 3

 Shaw Brothers
 Comptes rendus
 Industrie du film
 Culture et société

 Tests DVD Z2 VF
 Tests DVD SB Z2
 Autres Tests DVD
 Bibliographie
 Guide d'achat

 La Catégorie 3
 Héros handicapés
 Le Japon et HK
 Index des Archives

 BOF & Musique
 PDF & E-books
 Livre d'or VIP

 Plan Du Site
 Archives des éditos
 Aide à la Navigation
 Rédaction
 Historique
 Liens Web
 Le ciné HK et nous
 Livre d'or
 Remerciements
 HKCinemagic 2

Statistiques :
11630 Films
19215 Personnes
1448 Studios
230 Articles
82 Interviews
155 Tests DVD
32452 Captures DVD
3722 Vidéos
Critiques Express

Legend Of The Wolf    (1997)
Le premier, le deuxième, le troisième, le quatrième, le cinquième et le sixième jour, Dieu créa Donnie Yen. Puis, pour se reposer, le septième jour il créa le reste du monde. C’est en tout cas ce que l’artiste semble se répéter, à force d’interview où il n’a de cesse de démontrer à quel point il est meilleur que les autres, mais aussi lors des avant premières de ses films où il refuse de saluer les fans parce qu’il est fatigué. Mais la plus belle preuve d’amour portée à Donnie, ce sont les films qu’il a réalisés lui-même à sa propre gloire.

A ce titre, Legend Of The Wolf est un film hors du commun. Réalisé en 1997 pour un budget dérisoire, il s’agit un peu de la réponse de Donnie aux réalisateurs de Hong Kong qui se croient créatifs. A tous les Sammo Hung et leurs Blade Of Fury, les Tsui Hark et leurs The Blade, et les Wong Kar Wai et leurs Cendres De l’Ennui… pardon, Les Cendres Du Temps, Donnie répond : « goûtez moi un peu cette légende du loup ». Et en vrai prédateur, il attaque le spectateur dès les premières images. Construite comme une scène cinématique de jeu vidéo, la scène d’introduction est d’une sauvagerie à faire s’évanouir une personne souffrant d’épilepsie. Pour trouver un montage plus barbare, il faut se plonger dans le climax de Turkish Star Wars. Même si on ne distingue pas trop les protagonistes, on remarque immédiatement que tous ont une botte spéciale, et le héros les affrontera les uns après les autres comme boss de fin de niveau. Cette première scène est d'une efficacité redoutable. Loin d'être fan des montages hystériques dans les combats, j'ai été époustouflé par le travail de Donnie: le but n'est pas de révolutionner les chorégraphies (qui sont cela dit spectaculaires), il s'agit avant tout d'intensité et de nous faire ressentir quelque chose. Et force est de constater que ce montage fonctionne: même si on ne voit pas tout, on ne ressent pas l'exaspération habituelle, on se sent pris dans le chaos ambiant.

Car c'est bien ce dont il est question: le chaos. Les tourments intérieurs du personnage et sa quête sont en phase avec l'anomie qui règne dans les affrontements d'une brutalité sans concession. La musique de Kenji Kawai, d'une efficacité surprenante, contribue grandement à l'intensité des combats. Assez proche dans la démarche de The Blade, l'expérience de Donnie m'a davantage convaincu, grâce à une unité de style qui donne un film cohérent de bout en bout, malgré quelques trous dans le scénario, mais surtout, une expérience qui se vit. Après un tel démarrage en fanfare, on se prend à rêver d’un film dans lequel l’action hystérique ne cesserait jamais, car il faut bien avouer que ce n’est pas pour son histoire que l’on attendait la première réalisation de Donnie Yen. Finalement, les affrontements se feront plutôt rares, et ce n’est pas le nombre de combats qui impressionne, puisqu’ils se comptent sur les doigts d’une main. Cela ne veut pas dire que le tout manque d’action.

Il suffit de regarder le dernier tiers pour s’en rendre compte. La demi-heure finale est tout simplement hallucinante. Totalement folle, parsemée de divers affrontements variés et percutants, elle passe à une vitesse incroyable malgré sa longueur. Affrontement de masse dans le village, entre bandits sans foi ni loi et villageois désespérés cherchant à sauver leur vie. Puis The man himself s’invite enfin pour montrer à tous qui est le maître. Le spectacle commence enfin réellement. Les coups de poings inondent l’écran, comme un véritable raz de marée submergeant le spectateur. Le montage est toujours aussi sauvage, principalement composé de gros plans à la durée extrêmement courte. La chorégraphie est un peu minimale, puisqu’on est plus dans le pugilat que dans l’échange martial complexe, mais le résultat, très défoulant, est d’une intensité redoutable. Mais le gros morceau de l’action est constitué d’une course poursuite hallucinante dans la forêt, durant laquelle le héros plonge, tabasse à coups de branches, affronte des boss armés de revolvers, ou encore de griffes. La variété est au rendez-vous, et la multitude de petits affrontements assure un rythme prenant, à la limite de l’épuisement.
Vient enfin le duel final, qui nous fera juste regretter que l'excellent Ben Lam soit sous-exploité par un Donnie qui s'impose comme le maître et ne laisse pas à son adversaire l'occasion de réellement s'exprimer physiquement. Quand on connaît les capacités de Ben et la puissance de ses coups de pied, on regrette qu'il ne les montre pas davantage. Il reste un bon nemesis, tant son charisme est grand. Mais au-delà de l’expérimentation visuelle et de la grande énergie de toute l’équipe, Donnie le réalisateur a pris soin d’appuyer son propos par une tension émotionnelle soigneusement installée pendant la première heure, qui assure une implication bien plus grande du spectateur, pour un final à la hauteur de nos espérances et sans concession.

En effet, si l'histoire n'est pas autant travaillée que le reste, il y a un réel effort pour livrer un récit impliquant et prenant, y compris hors des scènes d'action. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la romance ne prend jamais le pas sur le reste et sert habilement la dramaturgie. En ce sens, le montage sous forme de flash-back rend la double résolution finale bien plus forte, grâce à un retournement de situation aussi cruel que réussi.

Même s’il ne s’agit pas du scénario le plus abouti du cinéma de Hong Kong, notamment à causes de quelques omissions et incohérences, c'est donc suffisamment bien écrit pour maintenir l'attention. Ce parti-pris, appuyé par une mise en scène très esthétique et pleine de poésie, permet de visionner la première heure du film sans ennui, même s'il n'y a pas tant de scènes d'action que ça. Il faut dire qu'elles sont parsemées de façon à relancer l'intrigue pour que le rythme ne faiblisse jamais vraiment.

L’égo de Donnie Yen est indéniablement important. Mais cette névrose de l’artiste, lorsqu’elle s’exprime avec autant de puissance que dans Legend Of The Wolf, pourrait presque passer pour légitime. Il s’agit d’un film qui peut ne pas plaire à tout le monde, du fait des partis-pris de Donnie, mais c’est justement cette identité forte qui en fait une expérience intense et unique.
Léonard Aigoin 10/12/2010 - haut

Index de la page
 10/12/2010 Léonard A...

 Publicité avec Google AdSense   Participer au site   Contact   FAQ   Utilisation contenu du site   Disclaimer   Rapport d'erreur  
copyright ©1998-2013 hkcinemagic.com