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Battle Of Wits (2006) |
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Le nom de Jacob Cheung à la réalisation pour ce grand projet qu’était Battle of Wits pouvait surprendre. Plus connu pour avoir réalisé, pour le cinéma, des films plutôt intimistes et des comédies, il avait néanmoins récemment participé à la mise en scène de séries wu xia pour la télévision, comme Hero on the Silkroad (avec Nicky Wu) ainsi que Seven Swords of Mount Heaven adaptée du film éponyme de Tsui Hark. C’est fort de cette expérience télévisuelle que Jacob Cheung s’est attelé au projet d’adaptation sur grand écran du manga Bokku, en reprenant d’ailleurs quelques noms qui avait déjà travaillé sur Seven Swords (Stephen Tung Wei à la chorégraphie ainsi que le compositeur Kenji Kawai)
Ayant nécessité plusieurs années de préparation, Battle of Wits présente le profil classique de la production panasiatique bien calibrée : une équipe hétéroclite ainsi qu’un casting de stars issues de différents pays à même d’attirer le public (Andy Lau, Ahn Sung Ki, Wang Zhiwen, Fan Bing Bing…) et prête à rivaliser avec le Curse of the Golden Flower de Zhang Yimou. Mais la comparaison avec les grosses productions épiques, ou wu xia esthétisants, de ces dernières années s’arrête là car Battle of Wits et loin d’être une épopée guerrière dans le sens premier du terme. Le film se différencie en mettant au contraire l’accent sur la préparation des batailles, ce choix scénaristique est aussi doublé d’une sobriété appréciable. Là où d’autres auraient opté pour des décors grandiloquents, auraient mis l’accent sur la tragédie ou axé l’action sur les seules scènes de combat, le réalisateur tente de rester mesuré et de coller à la réalité. Une recherche du réalisme qui a poussé Jacob Cheung jusqu’à une utilisation très modérée des effets spéciaux (peut-être aussi un choix des producteurs soucieux de ne pas faire exploser un budget déjà conséquent…), le réalisateur n’ayant eu recours à ce procédé que lorsqu’il s’avérait nécessaire comme, par exemple, pour faire brûler un cheval ou recréer une immense pluie de flèches. Pas toujours réussie, il faut l’avouer, l’utilisation des images de synthèse reste cependant anecdotique sur la durée de ce film de plus de deux heures et ne nuit en rien à la crédibilité de Battle of Wits qui va chercher ailleurs ses qualités. En effet, cette « joute des esprits » ne repose pas sur l’aspect impressionnant et « grandiose » des combats, elle s’attache à nous présenter des personnages, ni bons ni mauvais, pris dans la spirale d’incessantes guerres, comme ce royaume de Liang, se trouvant fortuitement sur la route du puissant royaume Zhao, en pleine campagne de conquête, et n’ayant pour seule solution que de faire appel à un stratège, Ge Li (Andy Lau), pour pouvoir faire face et éviter d’être annihilé. Dans ce cas, on s’en doute, la stratégie et la ruse sont les seuls moyens de s’en sortir. Mais le combat est quasiment inévitable avec son lot de victimes. L’ambiguïté de la manoeuvre se situe à ce niveau : comment, avec une philosophie telle que celle des moïstes, mettant en avant l’amour de son prochain est-il possible de faire la guerre, tuer le moins possible, tuer seulement lorsque l’on y est contraint ? L’on sent bien que le personnage de Ge Li est tiraillé entre ses convictions et la réalité du terrain mais, en ce qui concerne cet aspect, Battle of Wits reste un peu léger en oubliant de développer cette facette qui aurait pu donner plus de profondeur au personnage. Néanmoins l’affrontement entre l’idéologie des différents protagonistes constitue un côté intéressant du film, chacun agissant selon ses convictions, chacun étant persuadé de faire ce qu’il doit. Des personnages qui échappent au manichéisme, pour preuve le charismatique général de l’armée Zhao (interprété brillamment par Ahn Sung Ki) beaucoup plus humain que le souverain Liang affichant un soi disant dévouement pour son peuple. Le scénario n’oublie pas non plus la population, bien éloignée des préoccupations des puissants, déchirée entre la nécessité de se battre pour défendre le royaume et le désir de s’enfuir. Seul bémol en ce qui concerne les personnages, celui interprèté par Fan Bing Bing, prétendue guerrière mais qui se montre surtout très niaise en se comportant comme une midinette, plus préoccupée par son attrait pour Ge Li que par la sauvegarde du royaume (un comble pour un capitaine de cavalerie…).
Risquant de déplaire aux amateurs du genre guerrier, Battle of Wits est un essai intéressant, bien que manquant par moment d’un certain développement, de traiter l’épopée guerrière. Le message qui sous-tend le film aurait pu paraître un peu naïf, mais Jacob Cheung parvient à éviter cet écueil et nous livre un divertissement de qualité à défaut d’être une grande œuvre philosophique sur les méfaits de la guerre.
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Annabelle Coquant 4/23/2007 - haut |
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