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Shaolin Intruders (1983) |
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Shaolin Intruders est le deuxième film de Tong Gaai. L’homme est l’un des plus grands chorégraphes hongkongais, longtemps le comparse de Liu Chia Liang avec lequel il a signé parmi les plus époustouflantes scènes d’arts martiaux de l’histoire du cinéma. Lorsqu’on jette un œil à sa carrière de metteur en scène, force est de constater que c’est un réel gâchis qu’il n’ait pas tourné plus de trois œuvres…
Shaolin Intruders s’ouvre sur le massacre d’un chef de clan et de son armée personnelle, perpétué par quatre combattants cagoulés. D’autres morts s’ensuivent, chacune concernant un membre haut placé du Jiang Hu. Les soupçons se portent bien vite sur une jeune guerrière (Lau Yuk Pok), fille d’une sorcière tuée avec ses démoniaques comparses par ces mêmes chefs de clan, une vingtaine d’années plus tôt. Deux fougueux épéistes (Derek Yee et Jason Pai Piao) avec lesquels elle s’est liée vont lui venir en aide et tenter de prouver son innocence. La jeune femme est bientôt témoin d’une attaque des combattants cagoulés, piste qui les mène tout droit au monastère Shaolin. Mais les moines ne comptent pas se laisser accuser aussi facilement et ils vont lancer trois défis aux amis : s’ils parviennent à sortir vainqueurs de ces épreuves, ils pourront mener à leur guise leur enquête au sein du lieu de culte. La trame du récit est celle d’une œuvre de suspense, proche des films d’Alfred Hitchcock dans lesquels un héros injustement accusé doit fuir les forces de l’ordre pour tenter de prouver son innocence. Devant le déchaînement policier, sa seule chance de salut sera de découvrir lui-même le coupable. Pour l’aider, un amoureux du sexe opposé et un ami fidèle. Dans Shaolin Intruders, l’accusée, c’est Lau Yuk Pok, l’amoureux, Derek Yee, et l’ami, Jason Pai Piao. Comme dans tout film de suspense qui se respecte, les péripéties sont multiples. Là où l’on pensait avoir découvert le méchant, un retournement de situation remet en question notre certitude et refait partir l’intrigue. Le scénariste nous livre également au compte gouttes des informations qui éclairent d’un jour nouveau les événements qui se déroulent sous nos yeux. Les gestes ambigus des protagonistes ne sont également pas forcément bien interprétés par le spectateur et créent de ce fait un sentiment de perplexité. Autre point commun avec les œuvres du maître du suspense, l’existence d’un péché originel qui à des répercussions sur le présent. Les bons ont-ils la conscience tranquille ? Une de leurs actions passées n’entache-t-elle pas la pureté de leur âme chevaleresque ? Shaolin Intruders y répondra.
Le metteur en scène étant lui-même un extraordinaire chorégraphe, les scènes de combat sont de premier ordre. A une époque où les films de la Shaw Brothers commençaient à se tourner de plus en plus vers les comédies (et où la production globale du grand studio décroissait), Tong Gaai, avec Shaolin Intruders, redonnait espoir aux aficionados des arts martiaux « traditionnels ». Sentant le vent tourner et la kung-fu comédie s’imposer, il en profitait dans le même temps pour faire évoluer quelque peu le genre en y ajoutant humour, personnages fort en gueule (pas loin de l’insolence d’un Jackie Chan ou d’un Sammo Hung) et utilisation des câbles dans les chorégraphies. Maître dans l’art de faire passer de simples acteurs pour des athlètes de premier ordre, il parvient à donner une crédibilité martiale sans faille à Derek Yee, Jason Pai Piao et Lau Yuk Pok, cette dernière ayant vraiment peu d’expérience dans le domaine. Les chorégraphies sont inventives et ludiques, particulièrement les épreuves concoctées par les moines Shaolin. Nos héros doivent en découdre avec un mur constitué de moines, se battre en haut d’une tour faite de bancs en bois, etc. Les câbles sont utilisés sans complexe aucun mais avec une réelle intelligence : les chorégraphies sont créées autour des effets qu’ils produisent. En aucun cas il s’agit de venir en aide à des acteurs déficients ! Combats à mains nues, à l’épée, à l’arc… tous les styles y passent et sont traités avec brio.
Lointain remake de son précédent Shaolin Prince, auquel il emprunte une certaine partie de son intrigue, Shaolin Intruders est un film mené de mains de maître par Tong Gaai. Action, humour, rebondissements, tous les ingrédients sont réunis pour créer une œuvre divertissante et de grande qualité.
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David-Olivier Vidouze 11/3/2005 - haut |
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