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Critiques Express

Breaking News    (2004)
Breaking News sera peut-être le film de la reconnaissance pour Johnnie To en France et dans d’autres contrées où l'homme n’est pas encore aussi connu que ses camarades expatriés ou festivaliers. Quitte à présenter un film au festival de Cannes 2004 parmi les trois cent films que le cinéaste réalise par an, autant ne pas faire les choses à moitié et de ce côté-là, (presque) personne n’a été déçu par le choix de Breaking News !
Breaking News, marque évidente avec d’autres films de la vague Infernal Affairs du retour sur le trône du polar à Hong Kong, se distingue cependant des autres œuvres qui inondent ces temps-ci les salles obscures par une idée frappante : l’intrusion dans son récit de l’importance des médias, là où un tâcheron n’aurait réalisé qu’un film de triade de plus faisant s’affronter flics et voyous.

Nous connaissons tous, auditeurs, téléspectateurs et lecteurs l’importance qu’ont prise les médias dans les temps actuels. L’idée de Johnnie To : montrer comment, en prenant l’exemple de la lutte classique entre flics et hors-la-loi, l’image d’une institution (la police) peut être modelée par ces médias de sorte qu’après que des agents aient perdu la face à cause de braqueurs, l’image de la police soit redressée par les médias pour rassurer la population vissée devant son poste de télévision. Audacieux pari du réalisateur qui, derrière un combat entre flics et criminels, cache comme nous le verrons une critique de certains diffuseurs d’information déformant la réalité.
A un certain moment du film, les braqueurs chinois se servent de l’appartement d’un civil (ce bon vieux Lam Suet, l’acteur fétiche de To !) comme d’une planque, pour se protéger des policiers. Ces derniers ne les trouvant pas, un fossé se creuse entre les deux camps. Et là c’est un combat rusé et non physique entre les deux partis qui va s’organiser : celui qui montrera sa supériorité face à l’autre sera vainqueur, mais sans prendre les armes. Les images sont le seul moyen, par les médias, de montrer aux millions de téléspectateurs ce que les flics ou les méchants ont fait, chaque camp balançant à la télévision ou sur le Net des images qui le mettent en avant. Ainsi, la télévision devient un outil d’information peu crédible par lequel on peut faire croire n’importe quoi à des millions de gens par la seule présence d’images interprétables à souhait. La situation est si risible que Johnnie To y ajoute de petites touches humoristiques : imaginez d’un côté les malfrats chinois terrés dans leur appartement diffusant une vidéo d’eux en train de se régaler à table pour montrer leur décontraction, et en réponse à cela les policiers qui s’affichent en train de dévorer leur repas en boîte !
Johnnie To va intelligemment prendre deux points de vue pour montrer ce qui se passe entre les criminels et les forces de l’ordre : le sien, omniscient, qui montre ce qui se passe véritablement dans cet immeuble sans rien cacher au spectateur du film, et celui des médias qui déforment la réalité pour honorer les policiers alors que les malfrats leur donnent méchamment du fil à retordre dans ce dédale de couloirs. Cette double représentation des mêmes faits a pour effet d’asséner un sévère coup à ceux qui, à l’aide d’écrans font croire ce qu’ils veulent à une audience trop peu méfiante.
Pour clore le chapitre du thème des médias dans Breaking News, on retiendra donc une critique du « monde médiatique menteur » savamment exprimée par Johnnie To.

Au-delà du « show » violent que les équipes de télé se font un plaisir de mettre en scène de façon cinématographique (quand les réalisateurs de journal télévisé hong kongais font du Mike Wong pour le 20h, avec musique et déambulation de commandos masqués à l’appui !), To ne pouvait s’empêcher de décrire un affrontement plus personnel et moins superficiel que celui qui est montré à des millions de téléspectateurs dans l’histoire de Breaking News. Cet affrontement, (et ceux qui connaissent un minimum le cinéma de To savent que l’homme affectionne les duels et les combats d’hommes qui n’ont plus rien à perdre) c’est celui qui oppose le flic interprété par Nick Cheung aux bandits chinois, qui se sont payés sa tête devant toutes les caméras de l’ex-colonie. Retiré de l’affaire, ce policier est si soucieux de faire de l’arrestation des malfaiteurs une affaire personnelle lui permettant de retrouver sa dignité en tant qu’homme tout d’abord puis de policier, qu’il ira coûte que coûte jusqu’au bout de ses limites pour coffrer les criminels. Nous avons donc affaire à une lutte sérieuse entre deux fortes personnalités (le personnage de Nick Cheung, un acteur malheureusement moins bon que l’excellent et charismatique tueur détendu interprété par Richie Ren) alors que les agents de la brigade en charge de l’affaire paradent, vêtus de leur panoplie, devant les caméras. Sérieux combat et rigoureuse mise en scène d’un réalisateur qui a au fil des années et des films appris à se servir d’une caméra comme un génie.

Johnnie To a toujours apprécié les scènes de fusillades qu’il met à toutes les sauces dans chacun de ses polars, qui proposent souvent des idées de mise en scène fulgurantes (des gunfights statiques de The Mission aux scènes d’action survoltées de Fulltime Killer en passant par l’irréaliste héroïsme d’un A Hero Never Dies). Pour Breaking News, To va encore frapper un grand coup. Son premier exploit est l’ouverture du film, un incroyable plan séquence qui, non content d’être filmé par une caméra qui sait où se placer au bon moment, nous offre une fusillade à faire exploser votre lecteur DVD, demandant à l’équipe du film une irréprochable synchronisation étant donné que la scène n’a été filmée qu’en une fois. Le second défi relevé sont les scènes d’action dans l’immeuble qui sont tout à fait impressionnantes et témoignent d’un travail acharné dans un décor de taille restreinte : c’est bien simple, nos yeux n’avaient rien vu de tel depuis l’excellent Time And Tide de Tsui Hark ! Enfin, To s’essaie à des petits effets de style comme les split screens qu’il utilise à plusieurs reprises toujours pour notre plus grand plaisir. A voir la fusillade d’ouverture, on croirait regarder un bon polar nerveux et réaliste du style de Long Arm Of The Law, avec les protagonistes qui flinguent en pleine rue. Pour le reste, il est incontestable que Johnnie To fait un nouveau pas en avant dans sa quête interminable de nouveaux procédés et d’utilisation de nouvelles techniques pour nous offrir à chaque fois de réjouissants moments de cinéma.

Breaking News fait sans nul doute possible partie des meilleurs films hong kongais sortis en 2004. Le niveau moyen des sorties annuelles n’est certes plus le même qu’il y a une quinzaine d’années, mais un bon film reste un bon film et Breaking News peut prétendre à ce titre. Histoire d’amour inavoué (entre la parfaite Kelly Chen et l’attachant tueur Richie Ren, c'est-à-dire entre la justice et son opposé) croisée avec la vengeance personnelle d’un flic et sur fond de critique du journalisme mensonger, Breaking News est l’excellente surprise qui maintient Johnnie To là-bas, en haut du podium.
Florent d'Azevedo 10/23/2004 - haut

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 10/23/2004 Florent d...

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