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Big Boss à Bornéo (1978) |
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Big Boss à Bornéo est un titre que l’on retrouve systématiquement quand il est question des fake Bruce Lee (ces asiatiques à qui on apprenait deux grimaces, trois coups de pieds, un cri et qu’on annonçait comme les nouveaux petits dragons) mais également des « nanars » kung fu qui n’hésitaient pas à copier les stars du film martial des années 1970/80. Nanars, car les quelques billets qui ont servis à financer ces films masquent rarement à l’écran le manque de moyens techniques et matériels mis en œuvre, ainsi que des choix de casting parfois douteux. De Big Boss à Bornéo émane justement cette saveur de film fauché fait avec trois bouts de ficelles. Le titre du film le rabaisse dès le départ, le classant (injustement) dans la catégorie des « copieurs » du Petit Dragon, ceux qui veulent égaler l’inégalable et que le ridicule ne tue pas. Ainsi catalogué, Big Boss à Bornéo pourrait n’avoir absolument rien à apporter de bon à part quelques coups de pieds. Cela reviendrait à ignorer le plaisir qu’on a de visionner le film de Joseph Kong, qui involontairement nous fait beaucoup sourire.
Dans une île de rêve, un gorille fait des saltos arrières sur une plage avant d’aller, sous les ordres de sa maîtresse, cogner des indigènes locaux obsédés qui entendaient tripoter de magnifiques jeunes filles sortant de l’eau, le tout sur une musique très « seventies ». Ceci n’est qu’un des moments de « bravoure » (comprenez, de stupidité jouissive) qu’il est possible de voir dans Big Boss à Bornéo, regorgeant de ces scènes complètement absurdes, et qu’on ne peut par la force des choses pas voir sans esquisser ne serait-ce qu’un petit sourire. Car au même titre qu’un Raiders Of Buddhist Kung Fu, Big Boss à Bornéo se fait remarquer par des costumes étonnants dignes de panoplies de super héros trouvables dans des magasins de jouets (bandeau avec fausse pierre en plastique et tuniques « flashy » auxquelles on aurait bien du mal à attribuer une période historique) complétant l’amas d’aberrations visuelles dont nous gave ce film. Big Boss à Bornéo constitue donc une œuvre cinématographique complètement décomplexée, où le Kung Fu se mêle aux séquences montrant l’île façon « club med », côtoyant le film d’aventures (escapades dans la jungle) sans oublier le zeste d’érotisme pas méchant (la princesse Ankawa réchauffant à sa façon le pauvre Bruce Li malade). Là, tout dépend de ce que on attend de Big Boss à Bornéo avant de le visionner : l’amateur de séries Z sympathiques en aura largement pour son argent, alors que celui qui cherche un bijou de Kung Fu Pian risque d’être fortement déçu.
En effet, Big Boss à Bornéo ne pourrait supporter la comparaison avec les chefs d’œuvres du genre sortis en salle en cette année 1978, qu’il s’agisse de l’inoubliable 36th Chamber Of Shaolin ou du coup de maître Drunken Master, au niveau des scènes de combat particulièrement. En n’allant pas jusqu’à dire que les combats de ce film sont mauvais, il faut reconnaître qu’ils déçoivent pour la plupart d’entre eux et se montrent médiocres quand ils ne relèvent pas de la simple banalité. Rien d’étonnant car si les acteurs principaux savent taper correctement, il n’en est pas de même pour une grande partie de leurs adversaires qu’ils rencontrent ici ou là, dans la forêt de l’île. On pense forcément à ces gweilos interprétant les salauds blancs (des personnages si familiers avec le cinéma de Hong Kong), venant eux aussi sur l’île pour voler une petite bille en plastique qui dans l’histoire est d’une importance capitale. De plus, on notera la pauvreté chorégraphique à certains moments, combinée à certains figurants qui visiblement n’arrivent pas à simuler la douleur ou ne sont pas synchronisés avec leur adversaire. Bref, le lot habituel des films dont certaines scènes ont été tournées à la hâte, et dont les combats n’ont pas été assez répétés avant le tournage. Il est à noter que les crédits de Big Boss à Bornéo affichent quelques noms connus : mis à part Bruce Li (qui ne tente d’ailleurs pas d’imiter faiblement Bruce Lee, ce qui fait sortir le film de la catégorie honteuse des « fake Bruce Lee flicks »), nous retrouvons l’acteur et pratiquant de Wing Chun Lee Hoi San (ayant collaboré à plusieurs reprises avec Lau Kar Leung) aux côtés d’un Bolo Yeung qui était déjà un habitué des salles de musculation.
Kitsch et vieillot, drôle sans le vouloir, les mots ne manquent pas pour qualifier cette série Z extrêmement sympathique. A savourer avec second degré (surtout si le film est vu en version française), Big Boss à Bornéo est un joyeux foutoir. Celui de prêtresses légèrement vêtues opprimées par des soldats Serpents mais aidées par un gorille, et de frappeurs hongkongais auxquels de cupides occidentaux donnent du fil à retordre, le tout sur une île ensoleillée. Vivement recommandé.
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Florent d'Azevedo 2/8/2005 - haut |
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