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Five Elements Ninjas    (1982)
Five Element Ninjas s’est constitué au fil du temps une solide réputation de film culte parmi les spectateurs occidentaux. Chef-d’œuvre pour les uns, navet pour les autres, cette réalisation de Chang Cheh ne laisse pas indifférent tant elle propose une vision extrême (caricaturale ?) du film d’arts martiaux. Tourné au cours de l’avant-dernière année d’activité de l’ogre de Hong Kong à la Shaw Brothers, Five Element Ninjas est avant tout le rejeton des années 80 naissantes, période marquée, pour le cinéma, par l’arrivée d’une nouvelle vague d’acteurs et de réalisateurs (ces derniers, pour la plupart, issus de la télévision), la mort des kung-fu et wuxia pian « classiques » et la naissance de multiples petits studios : du sang neuf dans tous les domaines. Socialement, cette période est caractérisée par une mise en avant de l’argent et du clinquant : c’est le dollar roi, les signes extérieurs de richesse, la réussite à tout prix (Dallas, Dynasty, Wall Street, etc.)… golden boys, consultants en stratégie, cocaïne et belles voitures… il faut aller vite ! Nulle surprise, donc, de voir se transposer au cinéma cette cadence effrénée au travers de films sous adrénaline qui privilégient sans conteste le rythme et la forme au détriment du reste. Five Element Ninjas se revendique indiscutablement de cette mouvance et, à ce titre, doit s’appréhender comme une grosse récréation et non comme une œuvre « sérieuse », de celles que le spectateur était en droit d’attendre d’un réalisateur de 59 ans et 76 films derrière lui !
A cette époque d’ailleurs, Chang Cheh semblait à bout de course et continuait de signer à défaut de les réaliser intégralement trois à quatre métrages par an, sans jamais retrouver son talent et sa créativité d’antan. La Shaw Brothers, son studio depuis près de 20 ans, se faisait commercialement dépasser par de jeunes studios tels que la Golden Harvest – le concurrent direct – ou Cinema City – un indépendant. L’ogre de Hong Kong semblait avoir fait le tour des sujets classiques et, devant les succès obtenus par ses rivaux, se devait de réagir.
Five Element Ninjas apparaît ainsi aujourd’hui comme sa tentative de livrer aux spectateurs le film d’arts martiaux ultime, un festival jusqu’au-boutiste et non-stop d’action, de sang, de rebondissements et, surtout, de nouveautés. Désormais, les Mandchous ne sont plus les ennemis : après Liu Chia Liang dans Heroes Of The East, Chang Cheh utilise à son tour la figure du ninja. Mais si le premier, après l’avoir présenté comme un redoutable combattant, le faisait évoluer vers un ami possible de l’artiste martial chinois, Chang Cheh, volontairement moins fin, le décrit comme le méchant ultime, fourbe et cruel.

Five Element Ninjas s’ouvre sur une scène des plus classiques : un clan dit « maléfique » (habillé de noir), mené par le cruel Hong (Chan Shen), et un clan par opposition vertueux (vêtu de blanc), sagement dirigé par Yuan Zeng (Kwan Feng), vont s’affronter pour obtenir le droit de régner sur le monde du Jiang Hu. Les artistes martiaux chinois combattent dans le respect des règles et l’issue de la rencontre ne fait bientôt aucun doute : les méchants ont le dessous. Mais Hong sort une botte secrète en la personne d’un impressionnant guerrier japonais, Kuwada San (Wong Wai Tong), qui ne tarde pas à défaire un de ses opposants (Ngai Tim Choi). Finalement battu par le musculeux Liang Zhi Sheng (Lo Meng), le samurai se fait seppuku, non sans avoir préalablement eu le temps d’empoisonner Yuan Zeng et menacer le clan vertueux de l’arrivée prochaine de son maître pour le venger.
Alors que le chef du clan vertueux doit se retirer le temps de soigner ses blessures internes, ses disciples organisent leur défense car Kembuchi Mudou (Michael Chan), accompagné d’une petite armée de ninjas, débarque en Chine. Il rejoint le clan maléfique et lance un défi à ses nouveaux ennemis : les élèves de Yuan Zeng devront affronter les guerriers des cinq éléments…
A partir de cet instant, les combats vont s’enchaîner dans un esprit à la limite du bis qui pourrait faire prendre Five Element Ninjas pour le chaînon manquant entre un film de kung-fu classique de Chang Cheh et une œuvre hallucinée de Robert Tai (on pense souvent à Ninja Final Duel). Même si on y décèle encore une certaine retenue, tout semble y être en gestation : des costumes sous influence disco gay, des combattantes dans des tenues très légères (Chen Pei Hsi et son costume « filet »), des mises à morts ridiculement gores ne se gênant pas pour singer l’imagerie religieuse (la crucifixion de Lo Meng), des armes improbables, des scènes d’action grotesques (les ninjas sur l’eau)… et un rythme à 100 à l’heure, pas loin de celui des jeux vidéo. D’ailleurs, Five Element Ninjas s’apparente à un jeu d’arcades avec ses différents tableaux au sein desquels les héros auront affaire à des ennemis bien particuliers, incarnant les cinq éléments du titre : les ninjas de l’or, du bois, du feu, de la terre et l’eau. Ils combattront ainsi selon des techniques et dans des accoutrements directement inspirés de leur « blason ». On est alors clairement à mi chemin entre le film d’arts martiaux des années 70, les comics et la culture des « gamers ».
Le seul élément qui permet de lier tous ces débordements est un scénario à la limite de l’indigence, basé sur une ultra classique – et usée jusqu’à la corde – histoire de vengeance. Tous les poncifs du genre répondent donc présent et il eût été étonnant de se trouver face à des personnages à la psychologie un tant soit peu épaisse. Bizarrement dans un film de Chang Cheh, réputé – à juste titre – privilégier les acteurs aux actrices, c’est l’héroïne incarnée par Chen Pei Hsi qui est la plus intéressante, ne sachant pas trop où se situer, coincée entre le respect de son maître et l’épéiste qu’elle aime. Mais chassez le naturel, il revient au galop, c’est également par elle que viendra la chute du clan vertueux. Décidemment, pour l’ogre de Hong Kong, les femmes n’apportent que du malheur aux hommes…

Il est manifeste que Five Element Ninjas n’a pas bénéficié d’un budget très élevé. Si les décors font fauchés, notamment les extérieurs tournés en studio à l’aspect bien trop artificiel (magnifiques herbes synthétiques, arbres en carton et ciel peint sur de grands panneaux aux jointures apparentes…), que dire des costumes si ce n’est qu’on a l’impression que le responsable s’est servi de tout ce qui lui tombait sous la main ? Le carton d’introduction au film en devient d’autant plus ridicule : « Les nombreux costumes et armes présentés dans ce film sont basés sur d’anciens catalogues et collections japonais, tel que le Manuel du samouraï (…) ».
La minceur du budget est également palpable dans la qualité des acteurs présents au générique. Mis à part Lo Meng, artiste martial à succès issu de la troupe des Venoms, la plupart des comédiens manque singulièrement de charisme et l’on retrouve à l’écran des acteurs qui sont loin de faire oublier les vedettes de l’âge d’or ou de concurrencer les figures montantes, tels Jackie Chan et Jet Li. Comble, Chang Cheh se débarrasse de l’ancien Venom à la moitié du film, laissant le spectateur frustré et indigné face à des artistes martiaux qui sont loin d’égaler ses talents et manquent singulièrement de charisme. (Lo Meng semble en être conscient et lutte, tout intestin dehors, pour ne pas quitter la scène !)
Il est cependant une chose qu’on ne pourra pas reprocher à Five Element Ninjas, c’est la quantité étonnante de combats et, corollaire, la quasi absence de scènes intimistes, voire de dialogues. Assez rarement on aura vu à l’écran, près de 105 minutes durant, autant de morts, de blessés, de sang gicler, de bombes exploser, d’armes s’entrechoquer, etc. Mais malheureusement, l’excès se change vite en gavage et l’on se surprend à regarder sa montre ou à se perdre dans ses pensées… Un bon film d’arts martiaux ne doit-il qu’enchaîner séquence de combats sur séquence de combats ?

Œuvre d’exploitation, culte par ses outrances, Five Element Ninjas est bien la preuve, s’il en fallait une, que le cinéma martial classique vivait ses derniers instants en ce début des années 80. Et ce n’est certainement pas dans ce film qu’il fallait y chercher le moindre hommage.
David-Olivier Vidouze 1/1/2008 - haut

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