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Critiques Express

Jiang Hu    (1993)
Jiang Hu marque une évolution capitale dans la carrière de Ronny Yu. D’honnête faiseur touchant à tous les genres - cas typique du réalisateur hongkongais lambda -, du polar (Legacy Of Rage) à la comédie (Shogun & Little Kitchen) en passant par les arts martiaux (The Postman Strikes Back) et le fantastique (The Occupant), il s’attaque alors à des œuvres visuellement et thématiquement beaucoup plus ambitieuses. Certains verront d’ailleurs dans cette évolution la préparation de son passage à Hollywood…

Avant l’autre pièce maîtresse de sa filmographie hongkongaise, The Phantom Lover, Ronny Yu se voit proposer l’adaptation d’un roman clé de la littérature locale, The Bride With White Hair, écrit par Liang Yusheng (un des trois plus grands auteurs de romans wu-xia du XXème siècle avec Gu Long et Jin Yong) et publié en 1954. Cet épais livre est un mélange de récits populaires et de mythes occidentaux, d’une richesse indiscutable : la tragédie de «Roméo et Juliette» y croise la légende de l’enfant élevé par des loups qui y rencontre le drame des enfants en opposition avec le futur que leur famille a choisi pour eux, etc.
Ronny Yu constitue alors une des plus belles équipes jamais réunies sur un projet cinématographique à Hong Kong : Peter Pau à la photo, David Wu au montage, Philip Kwok aux chorégraphies, Emi Wada (ancienne collaboratrice d’Akira Kurosawa) aux costumes, Eddie Ma à la direction artistique, Richard Yuen pour la bande originale et deux acteurs au faîte de leur gloire, Leslie Cheung et Brigitte Lin.
L’ingéniosité et le sens de la débrouille seront fort logiquement aussi de la partie. Le tournage se déroule en plein été et aucun studio climatisé n’est disponible ? Qu’importe, on construira un studio spécialement pour le film et l’on travaillera la nuit exclusivement (aucune lumière naturelle ne sera utilisée) ! Les acteurs principaux ne sont pas de vrais artistes martiaux ? On les fera donc jouer à leur rythme les scènes de combat (c’est-à-dire assez lentement…), on tournera en 10 images/seconde et lorsque le film sera projeté en vitesse normale, ces séquences auront un aspect étrange et fantastique ! L’argent et le temps viennent à manquer pour les décors ? On ne les construira que d’un seul côté, la caméra fera en sorte de prendre des trajectoires inventives et originales pour ne pas filmer cette absence !
Ronny Yu ne s’en laisse pas conter et parvient à tirer le maximum des matériaux à disposition et des événements quotidiens d’un tournage. C’est là la patte d’un grand réalisateur, une qualité indispensable dans le milieu du cinéma à Hong Kong et fort appréciée à Hollywood !

Jiang Hu nous raconte l’histoire de deux jeunes gens étrangers au milieu dans lequel ils évoluent et en violente opposition à leur clan (et par extension, leur famille). Alors que le personnage de Leslie Cheung (Cho Yi Hang) se voit promis (contraint !) à la direction du clan Wu-Tang et au mariage avec une de ses guerrières (Yammie Nam), la belle Brigitte Lin (Lien Ni Chang) tient le rôle de l’assassin d’une secte de démons à la tête de laquelle un monstre siamois (interprété par Francis Ng et Elaine Liu) sévit. Ces deux âmes sont poussées à la violence et la cruauté par ceux qui leur tiennent lieu de parents (un chef de clan et un chef de secte), alors qu’ils aimeraient trouver enfin la paix.
Le thème classique de l’opposition entre nature et culture est fort bien traité par les scénaristes, et le spectateur en vient vite à mettre dans le même sac les figures tutélaires des « bons » et des « méchants », en réaction à l’amour impossible entre Cho et Lien. La loyauté envers ceux qui vous ont élevé et la confiance en l’inconnue - Lien Ni Chang - sont aussi des messages forts : il s’agit un peu du rite de passage de la vie d’enfant à la vie d’adulte, du moment où le jeune quitte le nid familial pour se lancer vers des contrées inexplorées. Cho va-t-il choisir de rester avec les siens, qu’il connaît parfaitement et qui ont déjà programmé son existence, où va-t-il embrasser une nouvelle vie en compagnie de Lien qu’il va découvrir un peu plus chaque jour ? Aura-t-il le courage nécessaire pour lui donner sa confiance ?
Un thème récurrent et cher à Ronny Yu apparaît dans Jiang Hu par le truchement du personnage des siamois. On sait que le réalisateur était atteint de poliomyélite à sa naissance et qu’il n’a pas pu avoir l’enfance d’un garçon de son âge. Il a donc conservé une tendresse pour les héros handicapés ou anormaux qu’il présente toujours en refusant tout manichéisme : ils sont peut-être méchants, mais il souffrent aussi dans leur chair et leur tête. Acceptés par la société, leur sort eût peut-être été différent… (Ronny Yu fera à nouveau intervenir des protagonistes «différents» dans ses deux films suivants The Phantom Lover et Warriors Of Virtue).

Côté acteurs, Brigitte Lin crève l’écran et balaie tout sur son passage. Elle compose avec maestria un personnage fragile, triste et plein de furie à la fois. C’est très certainement un de ses plus grands rôles.
Leslie Cheung est un peu plus poseur, mais reste convaincant en guerrier ne sachant plus où ni comment se positionner. Jusqu’à la fin il doute, s’interroge sur la notion de loyauté et n’ose laisser libre cours à ses émotions. Jusqu’à le regretter amèrement et attendre la floraison d’une rose magique qui n’a lieu que tous les dix ans…

Visuellement, Jiang Hu, tourné au format cinémascope, est une merveille. La mise en scène est d’une virtuosité à toute épreuve et la photo du grand Peter Pau magnifique. Les décors, gigantesques bouddhas, temples païens, paisibles lacs, remparts de forteresse ou forêts mystérieuses sont splendides et on ne se doute jamais du faible budget dont le film a bénéficié.
De plus, Ronny Yu a su tourner à son avantage la méconnaissance des arts martiaux des acteurs principaux pour créer une atmosphère étrange et atmosphérique, complètement inédite jusqu’alors.
Le spectateur est ainsi promené de lieux magiques à la beauté éclatante en scènes de carnage où les soldats sont découpés au fouet en plusieurs morceaux… Les éclairs de violence ne font pas peur à Ronny Yu et font monter l’adrénaline au bon moment !
Le réalisateur rend aussi hommage à un de ses cinéastes préférés, Sergio Leone, dans son utilisation outrancière – et très rare à Hong Kong à cette époque – du gros plan sur les visages des héros.

Tourné en seulement huit semaines avec un budget limité, le film a reçu une multitude de prix dans d’importants festivals :
- Meilleurs Direction Artistique (Eddie Ma), Photographie (Peter Pau), Costumes (Emi Wada), nominations pour le Meilleur Montage (David Wu), la Meilleure Musique Originale (Richard Yuen) et la Meilleure Chanson («Hung Ngaan Baak Faat» par Leslie Cheung) à la 13ème Cérémonie Annuelle des Awards Hongkongais,
- Meilleurs Chanson, Scénario Non Original (David Wu, Lam Kei To, Tseng Pik Yin, Ronny Yu) aux 30èmes Golden Horse Awards,
- Grand Prix 1993 du Festival Fantastica (Paris)
- Grand Prix 1994 du Festival du Film Fantastique de Gerardmer,
et a eu une carrière dans les circuits de cinéma d’art et essais de nombreux pays.

Jiang Hu s’est imposé dès sa sortie comme un chef-d’œuvre du cinéma hongkongais et plus largement du cinéma fantastico-épique !
David-Olivier Vidouze 1/31/2005 - haut

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