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Combats de Maître (1994) |
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Au début des années 90 Tsui Hark relance la mode des films d’arts martiaux traditionnels avec Swordsman et son chef-d’œuvre Il Etait une fois en Chine (Once Upon A Time In China). A la suite de ces deux oeuvres apparaissent d'autres films du même genre. La plupart seront bancals car trop ambitieux, ils pâtiront de ce brassage des genres : voulant à la fois retrouver le souffle épique des films de la Shaw Brothers et proposant des scènes de comédie burlesques et des scènes de combats tellement câblés qu’elles en deviennent lassantes. Devant cette arrivée en masse, Jackie Chan veut prouver qu’il est toujours là et qu’il n’a pas besoin de câbles pour être impressionnant. Jugeant les films comme Drunken Master trop lents du point de vue des chorégraphies, il décide de réactiver un projet qu’il voulait réaliser depuis une dizaine d’années : revenir au film de kung-fu traditionnel mais en proposant des combats plus élaborés, plus rapides (projet qui n'avait vraisemblablement pu se concrétiser suite à l'échec de Dragon Lord).
Le film est lancé, ce sera la suite de Drunken Master (officielle, car la vraie suite est Dance Of The Drunk Mantis de Yuen Woo Ping) et Liu Chia Liang, le plus grand metteur en scène de films d’arts martiaux, sera à la réalisation. Combats de Maître (Drunken Master II) va être un succès au box office. David Martinez dans le magasine HK numéro 7 définit le film ainsi : « Découvrir pour la première fois Drunken Master II est un peu la consécration d’un rêve de cinéphile. C’est un film qui, d’une certaine manière, ne devrait même pas exister. Il est presque trop conforme à ce que l’on espère du film de kung-fu « définitif » ». On ne peut trouver meilleure formule pour parler de Drunken Master II qui est bel et bien le dernier chef-d’œuvre de la Kung Fu Comedy. Le seul défaut que l’on pourrait lui trouver est l’absence de scènes d’entraînement, à part ça on ne peut que se répandre en superlatifs pour en parler.
Jackie Chan reprend, quinze après le premier film, son personnage de Wong Fei-hong. Contre toute attente, il nous refait exactement la même interprétation et, malgré la quarantaine, l’acteur est parfaitement crédible dans le rôle d’un turbulent jeune homme de vingt ans. Concernant le reste du casting, c’est du grand art. Cette fois, son père, Huang Shiyin, est interprété par le vétéran des studios Shaw Brothers, l’excellent Ti Lung, sa mère est jouée par Anita Mui. L’actrice est complètement hystérique dans ce film et vole même la vedette à Jackie Chan à plusieurs reprises. Le réalisateur Liu Chia Liang y joue également un rôle.
Les scènes de comédies sont superbes, Anita Mui ne cesse de faire la folle pour notre plus grand plaisir. La voir essayer sans cesse d'inventer des stragèmes afin que le héros ne se fasse disputer par son père est un régal . Les acteurs semblent s’amuser et leur plaisir d’être là est communicatif. Les scènes dans lesquelles Jackie Chan est ivre sont elles aussi très drôles notamment lorsqu’il se bat, mélange détonnant d’humour et d’acrobaties spectaculaires.
Concernant les combats, c’est du grand art, il n'y a pratiquement que des scènes d’anthologies. Jackie Chan n’a jamais été aussi bon, aussi impressionnant, prouvant qu’au cinéma il est le meilleur pour utiliser la technique de l’ivrogne. Avec le réalisateur, ils se permettent même un hommage à la mythique scène finale du Justicier de Shanghai (La Brute, le bonze et le méchant / Boxer From Shantung) de Chang Cheh, scène qui fut chorégraphiée par Liu Chia Liang. Pari risqué mais réussi, la scène de la maison de thé est fantastique. Jackie Chan et Liu Chia Liang s'étant brouillés pendant le tournage, le final fut intégralement filmé et chorégraphié par Chan. L’acteur nous livre le plus grand combat de toute sa carrière. Pour lui faire face, il choisit l'un de ses cascadeurs : Ken Lo. Le temps de cette scène, Jackie revient, pour notre plus grand bonheur, aux styles de combat tels qu’il les pratiquait lors des finals de Young Master ou de Drunken Master : il utilise toutes ses ressources physiques et surtout choisit pour adversaire un expert en arts martiaux supérieur à lui. La chorégraphie est hallucinante tout comme les deux acteurs, en particulier Jackie Chan qui n’a jamais été aussi survolté. A quarante ans, l’acteur montre qu’il est encore capable d’accomplir de grandes prouesses physiques. Les câbles seront utilisés mais seulement pour accentuer les chutes et les projections.
Drunken Master II est un pur bonheur, une des plus grandes Kung Fu Comedy et le meilleur film de Jackie Chan. Tout simplement ! Succéder au premier Drunken Master n’était pas chose facile, Drunken Master II y arrive largement en le surpassant même. Sûrement vexé, Liu Chia Liang tournera l’année suivante un Drunken Master III, film tout simplement désastreux qui n’a rien à voir avec ses deux illustres modèles.
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Denis Gueylard 11/2/2005 - haut |
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