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Crossing Hennessy (2009) |
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Vent frais de printemps à Hong Kong
Pendant les semaines qui ont précédé la sortie du film, les cinémas de Hong Kong ont résonné au rythme de la ritournelle entêtante de la bande-annonce. Crossing Hennessy laissait présager d’une comédie romantique enlevée, autour d’un quatuor amoureux en pleine tourmente et d’une galerie de personnages secondaires amusants. Et c’est exactement ce que Ivy Ho a réussi à présenter sur la totalité de son film.
Crossing Hennessy est un souffle frais qui tombe à point nommé. Une brise printanière gonflée d’insouciance et de fraîcheur, le genre de film qui transporte le spectateur complice dans une romance à quatre sous où la grosseur des ressorts dramatiques n’a que peu d’importance.
Oi-Lin (Tang Wei) aide son oncle dans un magasin de sanitaires. Secrètement, elle est amoureuse d’une brute à fleur de peau qui purge une peine de prison (Andy On). Loy (Jacky Cheung) est couvé par sa tante et travaille dans le magasin d’électroménager de sa mère (Nina Pau) ; celle-ci est bien trop occupée par son argent et un éventuel re-mariage pour s’occuper de son rejeton de 40 ans qui végète et commence ses journées en début d’après-midi. Le pantouflard, sans trop savoir pourquoi, est encore entiché d’une artiste, relation épisodique confortable dont il a du mal à se défaire. Des manigances familiales sont ourdies pour réunir ces deux faux célibataires qui, bien évidemment, ont d’autres projets en tête. Faute de s’apprécier, ils doivent collaborer pour continuer à vivre leur routine sans inquiéter leurs familles.
Parce que le film n’a pas de prétentions excessives et parce que son rythme est rapide, ponctué de scènes très drôles et servi par des acteurs qui y mettent toute leur énergie, on rentre facilement dans cette bluette où plane tout de même l’ombre d’un Ernst Lubitch ou d’un Billy Wilder. Le premier parce que les amoureux de The Shop Around the Corner ne manqueront d’y voir un parallèle et le second car Crossing Hennessy couve son romantisme sous une intrigue doucement irrévérencieuse.
Fi de morale ou de pudibonderie, Ivy Ho ancre son film dans la réalité : une vamp divorcée, un truand perdu, une jeune fille qui flirte avec deux hommes, un célibataire endurci qui refuse toute forme d’engagement, une quinquagénaire en quête d’un bon parti… En prenant à contre-pied quelques modèles, la réalisatrice ne rend que plus attachants ses personnages et donne un relief intéressant à son histoire.
Ce quatuor amoureux est littéralement porté par Tang Wei. La jeune actrice livrait déjà une partition juste dans Lust, Caution, peut-être écrasée par le poids de son premier grand rôle et l’ampleur de la reconstitution. Crossing Hennessy lui offre un personnage à des années lumières du carcan de femme livrée en pâture au destin. Elle est épanouie, rayonnante de beauté et semble imposer sa cadence aux soubresauts amoureux de l’histoire… C’est pourtant sur Loy et son entourage que la réalisatrice se focalise longuement ; Jacky Cheung est en roue libre et les personnages secondaires autour de lui sont délicieux, particulièrement le couple Danny Lee – Nina Pau.
Autre personnage du film, le quartier de Wan Chai. Ivy Ho s’offre quelques plans apparemment gratuits dans la logique narrative et souvent vains pour l’histoire, mais qui véhiculent une grande tendresse pour ce quartier… et installent donc une scène idéale pour les tourments amoureux. Pour couronner l’ensemble, la bande son ne dépareille pas de l’esprit du film. L’énergique valse de la bande-annonce s’incruste dans un coin de la tête comme l’insouciante histoire chemine encore longtemps après que le rideau est tombé sur Hennessy Road.
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François Drémeaux 5/1/2010 - haut |
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