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The Sword Of Swords    (1968)
Cela ne fait qu’un peu plus de trois ans que Jimmy Wang Yu a entamé sa carrière d’acteur qu’il a déjà forgé son mythe et construit le personnage qui l’habitera des années durant : un héros qui, malgré lui et faisant fi de ses déboires physiques (perte d’un bras, perte de la vue ou entrailles pendantes…), montrera à ses ennemis qu’à force de volonté, il sera capable de les surpasser. Certes, The Sword Of Swords vient après One-Armed Swordsman et The Assassin. Bien sûr, il n’est pas réalisé par Chang Cheh, à qui l’on doit la découverte de Jimmy Wang Yu. Mais il n’a pas à rougir de ces précédentes réussites et se hisse facilement parmi les plus grands films de la star.

Un sabre à la puissance infinie, forgé dix années durant sous la dynastie Sung (1000 ans avant JC) et devenu une légende après qu’il ait permis à son détenteur de remporter batailles après batailles, disparut après la mort de celui-ci.
Redécouvert sous les Ming et conservé par un maître en arts martiaux (Cheng Miu), il est convoité par les barbares qui veulent l’utiliser pour envahir la Chine. Un de leurs hommes (Tien Feng) infiltre alors le clan qui protège le sabre et tente de s’en emparer. Ses plans sont contrecarrés par Lin Jenshiau (Jimmy Wang Yu) qui ne peut cependant se résoudre à le tuer.
Mais l’homme n’a pas dit son dernier mot : il part retrouver son commanditaire, le libidineux Shang Guangwu (Wong Chung Shun), et échafaude un nouveau plan…

The Sword Of Swords est une œuvre construite en deux temps : le temps de l’échec et du renoncement puis, la reconstruction et la libération.
La première partie du film prend ainsi la forme d’une spirale de l’échec au cours de laquelle le héros se voit dépossédé du sabre que lui avait confié son maître – son sifu – au soir de sa vie. Lin Jen-shiau (Jimmy Wang Yu) est damné pour ne pas avoir respecté les sacro-saintes règles de la hiérarchie confucéenne : dans l’ordre, respect envers l’Empereur, puis le sifu, puis le père et enfin les aînés. S’il s’attache à les suivre du mieux qu’il peut, même lorsqu’elles donnent lieu à des brimades (Fang Shi-shiung – Tien Feng joue de sa position pour humilier le jeune homme), son unique refus de les appliquer sera lourd de conséquence. Alors que son maître Mui Ling-chuen (Cheng Miu) lui ordonne de tuer le traître démasqué, il ne peut se résoudre à obéir et provoque ainsi la chute de son clan et le vol du sabre. Car Lin Jen-shiau est fils de chasseur (Yeung Chi Hing) et n’aspire qu’à retourner auprès de son père pour partager avec lui une vie simple, loin du monde des arts martiaux (le jiang hu). S’il suit les enseignements du sifu depuis des années, c’est uniquement en reconnaissance du secours que celui-ci a apporté à son père mourant. En agissant ainsi, Mui Ling-chuen a pris en quelque sorte la place du géniteur, obtenant un respect quasi filial de la part de Jen-shiau. C’est pourquoi par son renoncement à lui obéir, en situation de crise qui plus est, il va faire effondrer l’édifice qu’est le clan et qui assoit sa structure sur de strictes règles morales, assemblées autour d’un sabre convoité par le monde entier…
Jimmy Wang Yu est tout à fait convaincant dans le rôle de Jen-shiau, excellent élève, bon cœur, aux aspirations simples. Sa jeunesse, son visage fermé et impassible, traduisent à la perfection ce malaise, cette impression que le personnage n’est pas à sa véritable place (c’est d’ailleurs le seul protagoniste à refuser le sabre, apanage ultime de l’artiste martial !).
L’électrochoc sera provoqué par la tentative de vol de l’arme, commise par un élève de Mui Ling-chuen qui n’hésitera pas à utiliser la ruse et le chantage pour s’en emparer. Nouvelle remise en question de la part de Jen-shiau : la félonie vient du clan lui-même, tout son système de valeurs éclate… C’est décidé, il prendra son destin en main, fera tout pour conserver le sabre et le livrer, comme prévu, à un général aux ordres de l’Empereur.
Jen-shiau reconstruit tout d’abord le système confucéen. Dorénavant, plus rien n’a d’importance que de sauver la nation pour laquelle il sera prêt à tout sacrifier, femme, parents… et sa propre vie. De la sorte, les enlèvements répétés commis par les cruels membres du clan Shang ne serviront à rien, sinon donner lieu à des scènes plus sadiques les unes que les autres (son épouse Bai Feng – Li Ching sera frappée, fouettée, jetée dans les escaliers… et violée ?, sa mère aura la tête éclatée sur une pierre…). Dans un premier temps, ses proches ne le reconnaîtront pas sous cette dureté inédite : alors qu’il refusera d’aller sauver Bai Feng captive, son père en pleurs le frappera dans une rage mêlée de tristesse tout en le traitant de lâche. Il renoncera tout autant à venger l’assassinat de sa belle-mère et les sévices infligés à sa femme. Scènes riches en émotion qui traduisent fort bien l’incompréhension et les dilemmes moraux qui tourmentent Jen-shiau. Le jeune homme poursuivra donc inlassablement son objectif, malgré les membres du clan Shang qui déploieront une certaine virtuosité dans l’art de le faire plier. Bien trop juste, il se refusera même à utiliser le sabre magique pour défaire ses ennemis…
La première partie du film s’achève sur un duel à mort entre Jen-shiau et Fang Shi-shiung, après que le héros ait reçu un petit sachet sanguinolent contenant les oreilles, les yeux et le nez de son père, sa mère et sa sœur… Cette magnifique séquence a lieu sous une neige tombante qui se fait de plus en plus drue et s’achève dans un climax d’une violence inouïe. Une nouvelle fois, le héros a hésité (son fils, nourrisson, mourant de froid) et cela lui a été fatal. Fang Shi-shiung l’abandonne les yeux crevés, empalé sur un bambou, ruisselant de sang sur la neige immaculée…

La deuxième partie de The Sword Of Swords peut alors commencer. Tel l’épéiste manchot de One-Armed Swordsman, Jen-shiau est diminué physiquement. Cette fois-ci, il est aveugle comme Zatoichi, influence japonaise majeure de Jimmy Wang Yu (et qu’il rencontrera dans le cross-over Zatoichi meets the one-armed swordsman). Il va se reconstruire peu à peu psychologiquement, développer son ouïe et prendre sa revanche.
Le schéma est ici plus classique, mais la mise en scène de Ching Gong et la prestation de Jimmy Wang Yu font que cette renaissance demeure passionnante. La fin de l’entraînement de Jen-shiau s’achève sous une pluie battante dans un carnage savamment chorégraphié. Une fois de plus, le déchaînement des éléments climatiques (en écho à la neige de la première partie) correspond à des moments de transition, témoins de l’évolution de l’état mental du héros et permettant ici sa régénération. Lavé de sa malédiction et du poids de son handicap, conscient qu’il ne peut éternellement rester en retrait (origine de bien des maux), Jen-shiau peut affronter le clan Shang dans un ultime combat, chef d’œuvre de cruauté et de sadisme (on jette au héros aveugle ses proches bâillonnés pour qu’il les extermine incidemment…).

Ching Gong, dont c’est probablement le chef-d’œuvre, porte le film dans des limites de barbarie rarement atteintes, même par l’ogre Chang Cheh. Femmes et enfants n’ont de valeur qu’en tant que monnaie d’échange ou instruments de vengeance, les hommes meurent dans de longues agonies et on dresse les membres d’une même communauté (voire d’une famille) les uns contre les autres. Le metteur en scène sait doser avec un réel talent les moments de pathos ou de violence, sans jamais se caricaturer.
Les chorégraphies, signées Tong Gaai et Liu Chia Liang et directement inspirées du chambara (les opposant prennent longuement la pose avant de s’affronter), sont superbes et étonnamment dynamiques pour un film antérieur aux années 70. Nombreuses, longues et originales (chacune d’elles se déroule dans un contexte différent), les joutes sont d’une beauté visuelle rarement vue jusqu’alors et par la suite peu surpassées.
Jimmy Wang Yu s’impose alors comme le plus grand acteur de wu xia-pian, figure virile, masochiste et dramatique. Damné, il connaîtrait des tourments sans fin qui toucheront son corps et son esprit, via les atroces meurtres d’une partie de sa famille. Li Ching, dans un rôle un peu plus ingrat car secondaire (et Jimmy Wang Yu dévore littéralement l’écran), nous offre une belle prestation.

The Sword Of Swords est un film très dur, mais aussi une œuvre maîtrisée à la thématique riche et passionnante, reposant sur les principes millénaires du confucianisme. A coup sûr un classique !
David-Olivier Vidouze 8/12/2005 - haut

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