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Critiques Express

Stoner se déchaîne    (1974)
Stoner est un film qui partait sous les meilleures auspices : monté sur le nom de trois stars du cinéma d’action censées lui assurer les publics occidentaux (George Lazenby), hongkongais (Bruce Lee) et japonais (Sonny Chiba), il devait révolutionner le genre et rapporter à ses investisseurs de conséquents revenus. Sa distribution internationale était entre les mains de la Warner Bros. et la communication en place, avec un slogan percutant « It's Lee, It's Lazenby, It's Bruce vs. Bond ». Son titre d’alors, The Shrine of Ultimate Bliss.
Malheureusement, quelques jours avant le premier tour de manivelle, fans et financiers incrédules apprirent la mort soudaine de Bruce Lee… La légende veut que Sonny Chiba fût mis au courant de la nouvelle à bord d’un avion le menant sur le lieu de tournage ; à peine atterri, il repartit pour le Japon. Ne restait alors que George Lazenby, débarqué – de son propre chef - de la franchise James Bond cinq ans auparavant (après le pourtant remarquable Au service Secret de Sa Majesté / On Her Majesty’s Secret Service, 1969), et qui n’était apparu, depuis lors, que dans un médiocre film d’action parodique anglais (Universal Soldier de Cy Endfield, 1971, dans lequel aurait dû jouer Jimi Hendrix s’il n’était pas mort d’une overdose !), un honnête giallo franco-italien (Qui l’a vue mourir ? / Chi l'ha vista morire ? d’Aldo Lado, 1972) et, en 1973, un épisode de la très longue série télé anglaise Play For Today (325 épisodes de 75 minutes de 1970 à 1984 !). George pensait (re)lancer sa carrière internationale grâce à The Shrine of Ultimate Bliss en partageant le haut de l’affiche avec son professeur d’arts martiaux Bruce Lee. Mais la mort de ce dernier et le contrat qu’il venait de signer avec la Golden Harvest pour trois longs métrages le contraignirent à jouer dans ce qui resterait du projet initial, c’est-à-dire pas grand-chose…
Avec le départ de la Warner Bros., le film se privait d’une distribution internationale et du budget marketing qu’avait prévu le studio hollywoodien (on évoque le chiffre de 10 000 000 $). En conséquence, Raymond Chow n’eut d’autre alternative que de revoir également le budget de production à la baisse : de 10 000 000 $, un record pour une production asiatique, celui-ci passa à 850 000 $ ! Pire, il dut faire entrer le rival Run Run Shaw dans le financement du film…
Maintenant privé de Bruce Lee et Sonny Chiba, le long métrage voit son scénario modifié, ainsi que son titre, devenu Stoner. George Lazenby reprend le rôle écrit pour Bruce Lee tandis qu’Angela Mao reprend celui initialement attribué à George !

Stoner (George Lazenby) est un policier australien qui enquête sur un trafic de drogue à Sydney. Devenant un danger pour les criminels, ils kidnappent sa fiancée, Mélanie, et lui font subir une overdose de « pilules de la joie » afin de l’impressionner. Malheureusement pour eux, le résultat n’est pas celui escompté et Stoner décide de partir sur leurs traces à Hong Kong.
Pendant ce temps, une policière taïwanaise, Li Shao Hu (Angela Mao), est également chargée d’enquêter sur des trafiquants de drogue qui utilisent de gigantesques cargos pour faire voyager leur poison entre Taipei et Macau. Elle parvient à rejoindre l’île qui leur sert de quartier général et s’avère être le repaire du cerveau derrière l’organisation, Mr Big (Wang In Sik).

Dès l’ouverture du film, cela ne fait aucun doute, les prétentions artistiques de ce bon vieux Raymond Chow ont été revues à la baisse : le spectateur se trouve devant une pure œuvre d’exploitation ! Une espèce de gourou vaudou (Samuel J. Peake), juché sur une estrade, enjoint ses fidèles, hommes et femmes à moitié nus, à prendre des pauses lascives, voire plus si affinités… Apparaît alors une femme en culotte, Melanie (Rose Romanolee), qui se jette aux pieds du gourou et lui réclame des « pilules de la joie ». S’ensuit alors une orgie qui s’achève par la mort de la femme, droguée. La séquence est longue, vulgaire et complètement dispensable, du racolage pleinement assumé. Stoner – curieux nom pour un policier des narcotiques ! – arrive alors sur les lieux de la mascarade pour y trouver le cadavre de sa « belle ».
Autre beau moment d’exploitation, le repaire de Mr. Big tout droit sorti d’un comics américain avec le bureau-pupitre du méchant qui tourne devant une carte du monde sur laquelle des dizaines de petites lampes clignotent…

Le personnage de Stoner, incarné donc par l’ancien et fugitif « deuxième James Bond » George Lazenby, est décalqué d’une figure très à la mode au box office en ce milieu des années 70 (à défaut d’au sein de la critique bien pensante), l’inspecteur Harry Callahan. Macho dans sa relation avec les femmes - elles passent vite à la casserole -, il est entêté, a la réplique cinglante, frappe plus qu’il ne parle et porte une grosse moustache (même s’il la rasera bizarrement au cours de l’aventure, peut-être du fait de la pelade – alopecia areata – qu’il attrapera pendant le tournage !). Lazenby est fort à l’aise dans les scènes d’action et, bien qu’il n’utilise pas vraiment le kung-fu, n’a pas à rougir de sa performance. Il est cependant évident que face à des athlètes comme Sammo Hung et ses collègues, rapidité et dextérité lui seraient fatales en temps normal… (Le spectateur notera avec amusement la différence de taille entre George et ses opposants !)
Bruce Lee n’étant plus de l’aventure et le public restant friand d’arts martiaux, Raymond Chow eut l’idée d’engager Angela Mao pour adjoindre aux gentils une vraie pratiquante, quelqu’un qui pourrait s’opposer avec sérieux à Sammo Hung et Wang In Sik. Grâce à ses étonnantes capacités martiales, le spectateur retrouvera ses marques à l’occasion de beaux combats dans un bateau ou dans de sombres ruelles, et surtout au cours d’un final de premier ordre qui vient quelque peu redorer le blason du film.
Angela Mao partage donc la vedette avec George Lazenby et mène son enquête en parallèle, situation aboutissant à la coexistence de deux films, deux aventures qui ne semblent jamais se croiser, en tout cas jusqu’au deux tiers du métrage. C’est finalement à partir de cet instant que Stoner démarre réellement, alors qu’ils pénètrent dans un temple où les méchants ont élu domicile. Capturés, on va leur administrer de la « drogue de la joie » (et Stoner sera « stone ») et les enfermer dans une cage, comme de vulgaires lapins…
Le reste du casting est composé de toutes les gloires, petites et grandes, de la Golden Harvest (un seul absent, Jimmy Wang Yu, qui se rattrapera dans The Man From Hong Kong en reprenant le rôle initialement dévolu à Bruce Lee) : Sammo Hung – également crédité en tant que chorégraphe -, Betty Ting Pei – en rupture de la Shaw Brothers et amante présumée du Petit Dragon -, Wang In Sik, Wilson Tong… et les apparitions de Yuen Biao, Yuen Wah, Ching Siu Tung.
A la mise en scène, on retrouve une valeur sûre de la Golden Harvest, Huang Feng, ancien assistant-réalisateur transfuge de la Shaw Brothers auquel Raymond Chow permit de diriger son premier film (ironiquement, il tournera son dernier long métrage pour Run Run Shaw en 1979 !). Plus à l’aise dans les films en costumes que dans les récits contemporains, son travail est honnête à défaut d’enthousiasmant.

Au final, Stoner s’avéra une excellente opération financière pour Raymond Chow ; on estime à 25 millions de dollars les recettes mondiales pour son exploitation en salles et à 15 millions de dollars celles de son exploitation vidéo (chiffre de la fin des années 80). Qu’en aurait-il été avec une distribution internationale et Bruce Lee au générique ?
Les investisseurs ne s’y sont alors pas trompés : moins de deux mois après la sortie du film sur les écrans hongkongais, des studios anglais et australiens étaient en relation avec la Golden Harvest pour coproduire le prochain long-métrage de George Lazenby, The Man From Hong Kong, film dont le budget devait être encore plus important que celui de Enter The Dragon (record de l’époque pour un film « partiellement » asiatique). Celui-ci et le suivant, A Queen's Ransom se verront distribuer dans le monde entier, privilège auquel ne pouvaient alors prétendre que les longs métrages de Bruce Lee.
David-Olivier Vidouze 9/25/2009 - haut

Stoner se déchaîne    (1974)
Alors que pendant des années, le cinéma de HK se « contentait » de régner sur une bonne partie de l’Asie et dans les communautés Chinoises implantées à l’étranger, le succès mondial de Bruce Lee change la donne. Les producteurs locaux se mettent à fantasmer leurs studios comme des équivalents des grosses majors US qui controlent le box office mondial. En pointe de ce mouvement, on trouve Raymond Chow et sa Golden Harvest. Même si la compagnie se concentrera sur le marché Asiatique, elle n’aura de cesse de monter des projets à vocation internationale. Malheureusement, la Golden Harvest a perdu son meilleur atout dans ce domaine en la personne de Bruce Lee. Cela ne freinera pourtant pas les ardeurs du studio. Au contraire, la Golden examinera attentivement les ingrédients du seul film ayant fait ses preuves dans ce domaine, Enter the Dragon, afin de dupliquer la formule. C’est sur cette base qu’est produit cet improbable Stoner.

Une des leçons retenues de la production d’Enter the Dragon, c’est la nécessité d’une distribution hétérogène. Autrement dit, avoir autant de héros que de publics visés (libres à eux après de s’y identifier ou non). Stoner donne donc les premiers rôles à un occidental et à une Chinoise.
En premier lieu, nous avons George Lazenby dans le rôle titre de Stoner. La présence de l’acteur australien dans cette production Hong Kongaise n’est pas vraiment surprenante. Dès 1973, il avait été approché par Bruce pour participer à son Game of Death. La mort de ce dernier ne permettra pas de concrétiser ce projet (mais ce ne sera que partie remise…). La Golden Harvest ayant l’acteur sous la main lui proposera Stoner à la place. Car, outre sa disponibilité, Lazenby est un bon poulain pour le studio. Célèbre grâce à sa participation à un unique James Bond (souvent considéré comme un des meilleurs), il n’est pas non plus une super star qui obligerait la compagnie à lui payer un cachet démesuré. Peu cher, acteur correct et connu : Lazenby a le profil idéal pour un projet de cette nature. Son personnage est une sorte de croisement entre James Bond (il tombe les femmes comme des mouches) et les flics durs à cuire à la mode dans les années 70. Hélas, l’acteur Australien ne parvient à le crédibiliser sur aucune de ces deux facettes. Il avait pourtant interprété un James Bond convaincant dans Au Service Secret de sa Majesté mais semble ici n’être que l’ombre du personnage. Sa moustache digne d’un Village People ne l’aide, il est vrai, pas beaucoup à dégager le puissant charisme nécessaire à Stoner. Quant au côté « hard boiled » qui nous est montré en début de métrage, il manque de jusqu’au boutisme.
Sans Bruce Lee a disposition, qui la Golden Harvest pouvait-elle mettre comme co-star Chinoise aux cotés de Lazenby ? Angela Mao, en tant que « sœur spirituelle » du petit dragon, est un autre choix logique. Star en Asie, un peu connue en Occident grâce à son petit rôle dans Enter the Dragon, elle apporte surtout la virtuosité martiale dont Lazenby est dépourvu. Son personnage demeure cependant bien en retrait par rapport à celui de l’acteur Australien, sans grande personnalité pour qu’on s’attache vraiment à elle.
Le reste de la distribution va dans le même sens Internationaliste puisqu’on trouve en méchant le Japonais Joji Takagi (ça ne fera pas de mal pour vendre le film là-bas) et Betty Ting Pei (la célèbre ancienne maîtresse de Bruce).

Pour lier ce melting pot de nationalités, le pilier de la Golden Harvest, Wong Fung, applique là aussi la formule héritée d’Enter the Dragon avec un scénario pseudo James Bondesque (on en sortira jamais !). On remarquera d’ailleurs la reprise de certains éléments d’Au Service Secret de Sa Majesté avec cette drogue à destination de jeunes femmes innocentes. Mais si le film de Peter Hunt avait ce coté mégalomane (la drogue n’est qu’un outil pour l’assouvissement d’un plan de domination mondial) nécessaire à cet univers, le film de Wong Fung est franchement à coté de la plaque. Le méchant n’est qu’un vulgaire trafiquant qui n’a que le vernis des adversaires Bondiens (un QG avec carte du monde remplie de loupiottes, un bureau tournant dont on se demande toujours l’intérêt…). Quant à la drogue, elle n’est qu’un vulgaire aphrodisiaque qu’on croirait échappé de certains mauvais films pornos. Avec de tels enjeux, on ne s’étonnera pas que l’enquête de Stoner et de sa collègue Chinoise ne passionne à aucun moment.

Pour s’occuper de l’action, Wong Fung dispose de son chorégraphe attitré, Sammo Hung. Leurs précédentes collaborations (d’Hapkido à The Tournament) avaient donné des combats de très grande qualité. Mais pour Stoner, il doit composer avec le grand (par la taille !) George Lazenby. Le style des combats se trouve être une sorte de compromis entre l’approche Hong Kongaise (chorégraphies longues avec des enchaînements complexes) et celle Occidentale (Lazenby distribue les bourres pifs avec un style de Cow Boy de Western). Pris comme tels, les affrontements se révèlent corrects, Lazenby fait de son mieux malgré une inévitable lenteur/maladresse par rapport à ses adversaires cascadeurs. Evidemment, les amateurs de pures chorégraphies Kung Fu n’y trouveront absolument pas leurs comptes. Ce n’est que quand Angela Mao entre en action que les chorégraphies peuvent monter d’un cran en qualité. La belle Taiwanaise distribue les coups de pieds avec aisance jusqu’à un final bien agressif face à l’incontournable Wang In Sik. Certainement le meilleur moment du film martialement parlant.

Film médiocre, Stoner montre bien les limites du cinéma Hong Kongais quand il cherche à sortir de son domaine de prédilection. Perdant ses qualités de rythme et d’intensité, il ne parvient pas à s’approprier celles des productions occidentales et aboutit à un échec à tous les niveaux. Une analyse qui reste en grande partie d’actualité de nos jours…
Arnaud Lanuque 3/21/2005 - haut

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