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Era Of The Vampires : Vampires façon chinoise
Critique par Laurent Henry Page 1
Infos
Auteur(s) : Laurent Henry
Date : 26/12/2004
Type(s) : Critique
Analyse
 
 Liens du texte  
Personnes :
Wellson Chin Sing Wai
Koan Hui On
Sammo Hung Kam Bo
Marco Mak Chi Sin
Tsui Hark
Herman Yau Lai To
Films :
Black Mask 2 : City Of Masks
Vampire Hunters
The Legend Of Zu
The Raid
Swordsman
Time And Tide
Studios :
Film Workshop
Lexique :
Gyonshi
Kung Fu Comedy
 
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Quatre tueurs de vampires sont à la poursuite d'un redoutable Zombie… C'est sur ce canevas très simple que Tsui Hark nous replonge dans le film de vampire chinois, un genre délaissé depuis quelques années déjà par le cinéma de Hong Kong. Avec ce nouveau retour aux sources, le plus grand défenseur de la culture chinoise, a t-il réussi une fois de plus à rendre hommage à la culture populaire chinoise ?

 

Dans les années 80 Tsui Hark a fondé la Film Workshop pour donner la possibilité à de nouveaux talents d'exprimer leur originalité en marge de l'industrie cinématographique de Hong Kong. Mais très vite, les productions changent de statut. Tsui Hark les mets au service de sa vision du cinéma chinois développée dans ses propres réalisations. Moins coûteuses, moins ambitieuses sur le plan artistique, elles ont surtout vocation à rapporter de l'argent afin de financer les projets personnels de Tsui Hark. Ce dernier met donc en place une véritable stratégie commerciale et artistique pour produire ce genre de film. Participant aux développements des projets tant lors de la pré-production que lors de la postproduction, il est parvenu à limiter considérablement la marge de manœuvre des réalisateurs qu'il emploie, les reléguant au rang de metteur en image. Era Of Vampires est le parfait exemple de cette conception de la production. Il est très difficile d'y décerner la personnalité du réalisateur, Wellson Chin, qui n'a à son actif que des films de second ordre. C'est que le film est avant tout le résultat d'une équipe au service de la vision du producteur.

 

 

La nature même du projet est typique de la démarche de Tsui Hark. Elle consiste à revisiter un genre tombé en désuétude, le film de vampires chinois (Gyonshi) dans le cas présent, un sous-genre de la kung fu comédie (des récits qui associent la comédie et les arts martiaux). Mis à la mode par Sammo Hung dans les années 80, avec notamment Mr. Vampire (1985), ce type de productions mettait en scène des zombies sauteurs. Cette base horrifique est très vite subvertie par l'humour et le zombie devient rapidement un prétexte aux facéties et à des scènes de kung fu débridées.

Mais il n'est pas question de copier ce qui a déjà été fait, tout le travail de la Workshop consiste à imaginer un angle d'approche nouveau, destiné à relancer le genre usé par l'exploitation abusive d'une même formule. Le plus souvent Tsui Hark aime à prendre à contre-pied la tradition. Si les vampires chinois sont devenus des personnages de comédie, il prend le parti de développer leur dimension horrifique. Le cinéma de Hong Kong étant fondamentalement un cinéma du métissage, Tsui Hark n'hésite pas à mêler les traditions chinoises, japonaises et occidentales de l'horreur pour créer une atmosphère nouvelle. On retrouve ainsi le masque du vampire tout droit sorti des films de Hong Kong des années 80, des bruitages angoissants dans l'esprit du cinéma japonais et des effets gores qui renvoient aux outrances des films italiens et anglo-saxons. Cette stratégie des "mélanges" permet de créer une nouveauté par rapport à la tradition et espérer ainsi relancer l'intérêt des spectateurs pour ce type de films.

Sur le plan technique, le film s'inscrit également dans la pure tradition du film hongkongais bricolé. C'est l'une des caractéristiques fondamentales du cinéma de l'ex-colonie britannique. Artisanal, il utilise le système D, l'ingéniosité et le talent des techniciens pour compenser autant que possible des moyens très limités. Dans le cas présent, le budget de Era Of Vampires n'est chiffré qu'à 1 million de dollars ! C'est bien peu pour réaliser un film en costume qui nécessite des effets spéciaux. La grande force de Tsui Hark est de savoir s'entourer de très bons techniciens. On retrouve ainsi à la photo Herman Yau, Marco Mak au montage et Koan Hui au effets spéciaux et sonores. En recyclant certains procédés utilisés sur les précédents films Workshop, notamment les filtres verts de Legend Of Zu ou certains effets sonores de Time And Tide, l'équipe parvient presque à faire oublier le peu de moyens qu'elle a et développe même une esthétique très travaillée, donnant un vrai cachet au film.

 

 

Les filtres et la faible luminosité permettent de créer une atmosphère crépusculaire en masquant habilement la pauvreté de l'environnement. De nombreux bruitages sont utilisés pour enrichir l'ambiance à moindre frais. Mais c'est sans doute la sophistication des cadrages et du montage, qui permet à Era Of Vampires d'en remontrer à bon nombre de productions bien plus cossues. Le savoir-faire est indéniable, distillant de nombreux effets bien trouvés pour donner sa personnalité au projet. On peut citer la présentation des 4 disciples dans le pré-générique. Le réalisateur utilise un plan unique, le mouvement de la caméra jouant sur le champ et le hors champ pour montrer au spectateur le visage des 4 héros. On retrouve des idées à la Time And Tide, comme une explosion qui se reflète dans l'œil d'un cheval ou la caméra subjective qui capte la vision d'un serpent. Les combats utilisent un montage très dynamique dans l'esprit des Swordsman, on regrettera surtout leur manque d'inventivité. Mais peut-être faut-il aussi y voir les contraintes budgétaires, empêchant de développer des idées trop coûteuses.

Anya Wu dans son bainEra Of Vampires se présente donc comme un exercice de style plutôt réussi. Et c'est aussi sa faiblesse. Le récit, les personnages, les tensions dramatiques sont une fois de plus, chez Tsui Hark, relégués au second plan. Comme dans The Raid, il utilise trop de personnages. On trouve en effet pas moins de 4 héros, d'un maître, un vampire, deux jeunes filles, un jeune méchant et le maître de la maison hanté. Soit 10 personnages "principaux", sans compter les personnages secondaires… Dans ces conditions, ces personnages sont à peine esquissés et il est bien difficile de s'identifier à eux. Du point de vue du rythme, le film souffre du défaut de bons nombres de films de la Film Workshop. Les situations s'enchaînent trop vite, une scène en chasse un autre, sans que l'émotion ait le temps de s'installer. Par exemple, les combats, très courts, ne jouent que sur le visuel, aucune tension dramatique n'est jamais développée. Il est bien difficile de se sentir concerné par ce défilement d'images. Le résultat manque d'émotion, de poésie, de ce regard dur et tendre qui faisait la force des productions Workshop.

 

Tsui Hark est devenu un réalisateur / producteur intéressé uniquement par la dimension visuelle du cinéma. S'il évite le cynisme et l'ironie qui minaient Black Mask 2, il ne parvient pas à retrouver la magie du style Workshop avec Era Of Vampires. Au regard de la médiocrité de la production hongkongaise, ce film reste un produit plus qu'honorable. On attend quand même bien davantage de la Film Workshop, qui nous a tant fait rêver.
 
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