Les filtres et la faible luminosité permettent de créer une atmosphère crépusculaire en masquant habilement la pauvreté de l'environnement. De nombreux bruitages sont utilisés pour enrichir l'ambiance à moindre frais. Mais c'est sans doute la sophistication des cadrages et du montage, qui permet à Era Of Vampires d'en remontrer à bon nombre de productions bien plus cossues. Le savoir-faire est indéniable, distillant de nombreux effets bien trouvés pour donner sa personnalité au projet. On peut citer la présentation des 4 disciples dans le pré-générique. Le réalisateur utilise un plan unique, le mouvement de la caméra jouant sur le champ et le hors champ pour montrer au spectateur le visage des 4 héros. On retrouve des idées à la Time And Tide, comme une explosion qui se reflète dans l'œil d'un cheval ou la caméra subjective qui capte la vision d'un serpent. Les combats utilisent un montage très dynamique dans l'esprit des Swordsman, on regrettera surtout leur manque d'inventivité. Mais peut-être faut-il aussi y voir les contraintes budgétaires, empêchant de développer des idées trop coûteuses. Era Of Vampires se présente donc comme un exercice de style plutôt réussi. Et c'est aussi sa faiblesse. Le récit, les personnages, les tensions dramatiques sont une fois de plus, chez Tsui Hark, relégués au second plan. Comme dans The Raid, il utilise trop de personnages. On trouve en effet pas moins de 4 héros, d'un maître, un vampire, deux jeunes filles, un jeune méchant et le maître de la maison hanté. Soit 10 personnages "principaux", sans compter les personnages secondaires… Dans ces conditions, ces personnages sont à peine esquissés et il est bien difficile de s'identifier à eux. Du point de vue du rythme, le film souffre du défaut de bons nombres de films de la Film Workshop. Les situations s'enchaînent trop vite, une scène en chasse un autre, sans que l'émotion ait le temps de s'installer. Par exemple, les combats, très courts, ne jouent que sur le visuel, aucune tension dramatique n'est jamais développée. Il est bien difficile de se sentir concerné par ce défilement d'images. Le résultat manque d'émotion, de poésie, de ce regard dur et tendre qui faisait la force des productions Workshop.
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