Mais surtout, il ne serait pas juste de voir All The Wrong Clues… comme une simple comédie décervelée, dont le seul but serait de faire de l'argent. D'abord parce que le film est produit par la Cinema City. Fondée par Eric Tsang et Karl Maka, cette société avait pour objectif de promouvoir de nouveaux talents tout en restant dans une logique commerciale. Spécialisé dans la comédie, elle a eu son heure de gloire avec la série des Mad Mission (Aces Go Places). Elle a surtout permis à Tsui Hark de rebondir et de lancer la carrière d'un certain Ringo Lam en produisant notamment City On Fire. Si les productions Cinema City sont aujourd'hui très datées, cette maison de production reste le modèle de toutes celles qui se développeront à partir du milieu des années 80.
Impliqué au niveau de la direction de la Cinema City, Tsui Hark et sa femme Nansun Shi avaient pour ambition de recréer un petit Hollywood à Hong Kong. Avec son univers policier des années 30, All The Wrong Clues… s'inscrit pleinement dans ce programme. Dès son générique, une succession de vignettes sur le thème du polar, le film multiplie les clins d'œil au cinéma de genre américain de l'âge d'or des studios. Plus qu'une simple marque de son amour pour le cinéma, en choisissant cet univers pour son premier film commercial, Tsui Hark lance un ambitieux défi à l'industrie cinématographique de Hong Kong. Redonner aux studios en déclin leur place en produisant des œuvres à la fois ambitieuses et populaires.
Tsui Hark ne réussira pas un film à la hauteur de ses ambitions. All The Wrong Clues… est une œuvre d'apprentissage vers un nouveau champ d'exploration que son réalisateur maîtrise mal. Trop nombreux, les gags et les situations comiques tombent souvent à plat. La direction d'acteurs manque cruellement d'efficacité. Et la musique au synthétiseur est particulièrement insupportable. Mais dans le même temps Tsui Hark développe certains aspects de son style.
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