Dans un genre radicalement différent, Police Story 2013 est encore plus sombre. De fait mettons fin immédiatement à tout malentendu : Police Story 2013 n'est pas un Police Story ! Il n'en reprend pas la formule composée de cascades, d'humour et d'enquête policière. Le film s'inscrit en réalité dans une veine beaucoup plus noire et réaliste du polar hongkongais, quelque part entre Crime Story et Full Alert. Pour sa deuxième collaboration avec Ding Sheng, Jackie Chan semble avoir accepté de se conformer à la vision du réalisateur-scénariste, qui n'hésite pas à s'éloigner de la formule qui a fait le succès de la star.
A ce titre, les fans risquent d'être déçus. Les cascades spectaculaires sont complètement absentes et l'action tient finalement peu de place dans le métrage, qui prend très vite la forme d'un huis-clos psychologique. Le réalisateur « sabote » même l'impact des premières scènes d'action car elles sont découpées en plusieurs flashbacks, ce qui casse leur rythme. Loin d'être une maladresse, ces va-et-vient entre le passé et le présent permettent, par le jeu de révélations, de construire des personnages complexes, confrontés à des informations nouvelles qui viennent remettre en question leurs certitudes.
Pour sa mise en scène, Ding Sheng choisit de filmer caméra à l' épaule, mais sans tomber dans le style « reportage de guerre » d'un Paul Greengrass. L'action reste lisible grâce à un découpage précis. L'idée est surtout de coller au plus près des personnages, de leurs émotions et de leurs confrontations.
L'ambition formelle et narrative du film vient néanmoins buter sur certains écueils. Si le scénario se veut complexe, s'il progresse par coups de théâtre dramatiques, il est truffé d'invraisemblances et de facilités qui font que l'essentiel de l'histoire paraît tirée par les cheveux.
Mais surtout, le scénario repose sur la confrontation entre 2 personnalités. Or Jackie Chan a conservé 2 aspects peu intéressants de son « personnage ». Le premier, c'est son côté « père la morale ». Au bout de 3 minutes de film, il est déjà en train de ramasser une canette de soda pour la mettre à la poubelle. Pire, il entre dans la boite de nuit où se passera l'essentiel de l'action en portant de long regard sur la jeunesse « dépravée » qui s'amuse. Lui, compare le lieu à une prison. L'autre aspect du personnage est plus insupportable encore. Car régulièrement Jackie se mue en héros sacrificiel. Et là, l'acteur et le metteur en scène en font des tonnes. Quant à son adversaire, il manque singulièrement de charisme. Un Francis Ng ou un Anthony Wong aurait sans doute apporté un grain de folie, une dimension supplémentaire pour faire du personnage un vrai méchant de cinéma ! Trop jeune, trop falot, l'acteur ne parvient jamais à susciter une quelconque fascination pour son personnage.
Ces réserves posées, même si Police Story 2013 est sans doute le plus faible des 4 films sino-hongkongais marquants de 2013, le résultat est quand même très intéressant, à mille lieues du médiocre Chinese Zodiac (2012). Jackie Chan ose prendre des risques. Le succès en salle lui a donné raison. |