Plus porté par d'autres genres pour exprimer toute la mesure de son talent, Tsui Hark aura malgré tout réalisé deux polars très importants dans son œuvre et qui sont aujourd'hui considérés comme des classiques : L'enfer des armes et le Syndicat du crime 3.
Dans L'enfer des armes, Tsui Hark met en scène une jeunesse perturbée et violente en proie au terrorisme et au nihilisme. Genre en prise avec la réalité sociale, le polar permet au réalisateur de porter un regard critique sur le monde contemporain en recourant à un cadre bien plus réaliste que dans ses deux premiers films. Genre de la violence, le polar offre également la possibilité au réalisateur d'explorer sous cet angle les comportements de ses personnages. Si L'enfer des armes n'est pas un pur polar, la police et le monde criminel ne sont pas au centre de l'intrigue, son rapport à la violence au sein d'un univers réaliste et sordide le rattache à la tradition du polar noir.
L'Enfer des Armes Par obligation commerciale, Tsui Hark a été obligé de monter Le Syndicat du crime 3. Mais en prenant lui-même les rênes de la réalisation, le projet va prendre une direction beaucoup plus personnelle. Racontant le passé d'un des héros, Mark, l'intrigue se déroule en grande partie au Vietnam, le pays où Tsui Hark a passé son enfance. Loin de s'inscrire dans la continuité de John Woo qui avait réalisé les deux premiers épisodes, Tsui Hark aborde le film sous un angle presque autobiographique, faisant revivre à ses personnages l'exode qu'il a connu quand il était plus jeune. Le film reste pourtant bien un polar. Organisations maffieuses et trafics illégaux sont bien présents. Mais tout ceci est traité au travers des bouleversements que connaît cette période perturbée de l'histoire. Retour sur le passé, mais aussi mise en perspective avec les événements de Tiananmen qui secouaient la Chine en juin 1989. Le polar se fait ici politique, un thème cher à Tsui Hark.
ABT 3
Ces deux films ne sont donc pas des polars au sens strict du terme. Tsui Hark s'est maintenu plutôt aux frontières du genre. Ce n'est pas tant qu'il voulait en dénoncer ses limites en refusant de s'y inscrire ouvertement que des concours de circonstances qui l'ont amené par deux fois à se servir du polar pour exprimer certaines de ses obsessions.
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