Entre 1975 et 1978, Maître Lau est allé de succès en succès, ces films se classant toujours dans les dix premiers du box-office. Les choses deviennent plus difficile avec l'ascension rapide de la kung-fu comédie. Face à la compétition et au exigence de la Shaw qui demande plus de films, plus de comédies et des suites de ces à films à succès, Lau Kar Leung se sera s'adapté tant bien que mal et même si films ne se retrouveront presque plus au grand sommet du box-office ils demeureront toujours d'une excellence et d'une originalité rare.
Spiritual Boxer 2
Non pas une suite du premier film de Lau Kar Leung mais tout de même un retour sur le kung-fu spirituel avec Wong Yu, Spiritual Boxer II demeure une œuvre certes mineure mais qui avec ses figures de vampires bondissant et de magie taoïste employée dans un contexte comique annonce la Ghost kung-fu comédie des années 80.
Dirty Ho / Le Prince et l'Arnaqueur
Gordon Liu et Wong Yu jouent les comparses dans un film qui s'inspire de la série des Empereur Qing de Li Han Hsiang. Le plus subversif des films de Maître Lau dans lequel le héros est un prince Manchou expert en kung-fu (joué par Gordon) qui s'amuse aux dépens d'un vaurien dans des coups pendables avant qu'il ne fasse appel à lui comme garde du corps. Gordon en prince suave et subtile prouve sa versatilité en jouant un rôle complètement à revers de son personnage de moine martial.
Lau Kar Leung quant à lui conçoit quelques unes de ses plus belles chorégraphies avec des démonstrations de kung-fu clandestins et un affrontement monstrueux dans lequel les deux héros se mesurent à Lo Lieh armé d'une hallebarde. Dirty Ho est également notable pour introduire Wang Lung Wei, Hsiao Ho et Kara Hui dans la troupe d'acteurs du Maître.
Mad Monkey Kung-Fu
Pris à partie par la nature irrévérencieuse trouvée dans la formule comique du « disciple espiègle et de son maître siphonné » au cœur de nombreuses kung-fu comédies, Maître Lau récupère le concept pour en donner sa propre interprétation plus classique avec lui dans le rôle du maitre, son premier rôle important dans l'un de ses films. Celui du disciple est assumé par son nouvel acteur fétiche : Hsiao Ho qui en tant que co-chorégraphe donne une nouvelle dimension acrobatique aux séquences de combats.
Le film conséquent est l'un des plus fins films comiques sur l'apprentissage, le respect, et la vengeance martiale en plus de mettre en scène de superbes affrontements.
Clan of White Lotus
Bien que ce soit Lo Lieh qui soit crédité comme réalisateur, Clan of White Lotus porte la marque de Maitre Lau tant dans le casting, que le type d'action et les thèmes du film. Souvent présenté comme une suite ou un remake de Executioners from Shaolin, Fist est en fait une réinvention qui récupère grosso-modo la trame de son modèle mais avec un type de chorégraphies bien plus fantaisistes et Gordon Liu dans le rôle titre. En fait, Fist semble chercher à incorporer les chorégraphies imagées et burlesques telles que celles mises en avant par Jackie Chan dans Drunken Master. Ironiquement, Executioner avait été lui-même un des films ayant inspiré la kung-fu comédie.
Malgré sa nature dérivative, Clan fourmille d'inventions comiques et chorégraphiques avec notamment Gordon amené à devoir maîtriser un kung-fu efféminé. Lo Lieh s'en donne à nouveau à cœur joie dans son rôle de prêtre martial cruel et invincible, un rôle repris avec la même verve par Gordon Liu lui-même pour Kill Bill un quart de siecle plus tard.
Retour à la 36eme Chambre de Shaolin
Face aux demandes de la Shaw de faire une suite aux 36° Chambre de Shaolin, Maitre Lau détourne humoristiquement le concept en faisant incarner Gordon Liu non pas son personnage du moine martial du premier film, mais un imposteur qui ne connaît même pas le kung-fu et qui devra finir par l'apprendre à Shaolin pour protéger ses proches. Bien que jouant un rôle de fripouille sympathique à la Wong Yu, Gordon, plus habitué jusque là à jouer les hommes droits, prouve de nouveau sa versatilité en jouant un petit arnaqueur.
Avec Retour, Lau Kar Leung égratigne également au passage la Shaw en présentant des méchants qui patrons d'une manufacture font primer la quantité sur la qualité ruinant le travail d'honnêtes artisans. C'est qu'en produisant de un à trois films par an, Maitre Lau ne brûlera jamais son talent comme le firent ses collègues Chang Cheh et Chu Yuan à force de faire au moins une demi-douzaine de films chaque année. Bien que moins nombreuse, l'œuvre de Maitre Lau s'avère être beaucoup plus égale.
Martial Club
En s'inspirant du vieux sérial des Wong Fei-hong des années 50/60, Lau Kar Leung fait une fois de plus la leçon à la kung-fu comédie irrévérencieuse. En effet, dans ce film, un jeune Wong Fei Hung (Gordon) fait des coups pendables avec un copain et s'en repend après avoir pris une raclée. Devenu beaucoup plus sage, il se mesure à un maître martial du Nord dans un duel ou entre en jeu tant l'éthique martiale que la stratégie et la force des poings.
Le final du film dans lequel les adversaires adaptent leurs attaques kung-fu à l'environnement d'une ruelle rapetissant est l'une des plus splendides séquences jamais filmée. Le film est également mémorable pour Johnny Wang Lung Wei qui pour une fois ne joue pas un méchant. Tsui Hark se souviendra de ce film lorsqu'il mettra en œuvre Il était une fois en Chine.
Lady Kung-Fu / My Young Auntie
Après tous ses films dérivés, Maître Lau livre enfin une œuvre originale et un de ses chef d'œuvres : My Young Auntie qui met vedette son égérie : Kara Hui Ying hung dans un rôle qui lui voudra le seul prix d'interprétation jamais rapporté par une actrice martiale aux oscars de Hong Kong. Elle joue « Tantine », une jeune adepte en kung-fu qui en tant que veuve hérite du statut d'aînée au sein d'un clan soumis à son autorité.
Elle se retrouve confrontée à des rivaux dans le clan, à la société occidentale moderne qu'elle fréquente pour la première fois et aux pitreries de son neveu qui a le même âge qu'elle. Maître Lau lui même joue le père coincé entre ces deux jeunes mais qui sauve la mise à la fin du film dans un duel halletant contre Wang Lung Wei à la fin du film.
Cat vs Rat
L'un des films les moins connus du Maître, mais il faut bien dire que c'est moins un film kung-fu qu'un pastiche kitsch et narquois des wu xia pian des années 60. Ici, la troupe habituelle de Maître Lau se contente de rôles secondaires alors que les rôles principaux sont incarnés par un Alexander Fu Sheng furibond et un Adam Cheng pince sans rire qui jouent des frères martiaux dont la rivalité rocambolesque vient impliquer l'Empereur de Chine lui-même (Gordon Liu). Celui-ci s'imagine un expert en kung-fu mais est en fait complètement nul.
Plutôt inégal mais avec des bons moments, notamment de nombreux duels aussi comiques qu'instructifs impliquant une lance à pompon et un sabre aux 9 anneaux. Le film marque la première apparition de Fu Sheng dans un film du Maître.