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Interview avec Nansun Shi, productrice de première classe
La Film Workshop 1/1 - Page 3
Infos
Auteur(s) : Arnaud Lanuque
David Vivier
Thomas Podvin
Date : 15/10/2003
Type(s) : Interview
 
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Personnes :
Andrew Lau Wai Keung
Tsui Hark
Films :
Initial D
Seven Swords
Studios :
Cinema City & Films Co.
Film Workshop
 
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HKCinemagic : Vous êtes souvent créditée comme co-fondatrice de la Film Workshop avec Tsui Hark. Quel était votre but en créant cette compagnie ?
N S : A l'époque nous travaillions à Cinema City. Cinema city était une grosse compagnie, nous avions des obligations à remplir, par exemple, faire 12 films par an et 3 films estivaux. On devait donc parfois faire des choses pour la compagnie, pas pour nous. Nous étions juste des employés. C'est comme si j'étais dans un grand jardin, ou j'aime bien être, mais ou j'aimerais bien avoir ma petite cabane, comme ça je peux soit me promener dans le jardin, soit rester dans ma cabane si j'en ai l'envie. Le point de départ était là, je voulais avoir ma propre petite structure, parce que Tsui pouvait avoir envie de faire quelque chose que Cinema City ne voulait pas faire, ou inversement. C'était donc ce qu'il y avait de mieux à faire. C'était aussi un besoin pour lui par rapport aux cours qu'il donnait au soi-disant centre culturel de Hong Kong. Il voulait créer un « atelier du film » [film workshop en anglais, le nom de sa compagnie –NDT] ou des réalisateurs pourraient venir travailler.
 
HKCinemagic : Quel était votre rôle dans cette compagnie ?
N S : Au départ nous étions tous les deux propriétaires de la société, conjointement, et il s'occupait plus de la partie création et production, et moi de la partie finances et distribution.
 

Entrée de la Film Workshop
 
HKCinemagic : Comment voyez-vous l'évolution de la compagnie depuis ses premières productions ?
N S : Je pense qu'elle est passée par différentes étapes. Au départ c'était juste une petite compagnie de production, puis dans les années 80, avec « l' âge d'or » du cinéma HK, nous étions en permanence occupés à faire des films, sans réfléchir, quitte à nous mordre la queue.

Puis dans les années 90, tout le monde demandait à Tsui de partir faire des films américains. Ce qu'il a fait. La compagnie s'est donc un peu mise en sommeil. Nous avons beaucoup appris de nos expériences dans le cinéma américain, des bonnes comme des mauvaises choses. Quand nous sommes revenus, Hong Kong traversait une mauvaise période, l'industrie du film était mal en point, et on se sentait d'autant plus attaché à HK qu'on en était loin . Nous n'avions pas oublié que c'était Hong Kong et son industrie cinématographique qui nous avaient amenés là où nous sommes. Nous leur devions une dette morale. Nous avons donc voulu rentrer au pays pour réinjecter dans le système ce que nous avions appris là-bas, en Amérique. Parce que c'est chez nous, c'est notre maison. Nous voulions continuer à contribuer. Nous pouvions travailler n'importe où, mais nous sentions qu'il était de notre devoir de participer au redressement du cinéma HK. C'est de là qu'on venait, il fallait qu'on le fasse… C 'était presque un besoin pour nous de revenir et d'essayer, même si nous ne savions pas si nous allions réussir, mais nous devions amener notre savoir, partager nos acquis, avant que le cinéma HK ne meure.

Si nous n'essayions pas, qui d'autre le ferait ? Et donc nous sommes revenus. A notre retour, le paysage cinématographique hongkongais avait énormément changé, les investisseurs avaient changé, et nous sommes encore actuellement dans l'expectative. Le marché chinois s'est ouvert, le marché international est toujours très incertain.

Nous cherchons encore la direction que nous allons suivre. Les films d'action ont toujours été un style traditionnel du cinéma HK, avec leurs spécificités, mais ils ont été tués par Hollywood, trop de câbles, trop de gadgets techniques. Il nous faut donc trouver de nouveaux terrains d'expression, nos budgets ne sont pas comparables aux budgets américains, mais nous sommes quand même en compétition avec eux sur le marché mondial, donc nous cherchons encore comment nous sortir de cette situation.

Les bureaux de la Film Workshop
 
HKCinemagic : Quel futur voyez vous pour la Film Workshop  ?
N S : Je pense que l'héritage chinois regorge de bonnes histoires. On cherche les bonnes histoires qui pourraient avoir un succès à la fois sur le marché local et sur le march é international. On travaille avec un très grand chorégraphe d'action, et il cherche lui aussi une nouvelle manière de filmer l'action. On a quelques projets sur le feu, en début d'année prochaine, on va tourner une adaptation de manga adulte japonais, Initial D, un film de courses de voiture [le projet a finalement atterri dans les mains d'Andrew Lau]. Tsui cherche une star pour ce film, puis plus tard dans l'année, nous voulons tourner un nouveau film de sabres, un film d'époque. Tsui travaille donc beaucoup sur la structure de l'histoire et le style de la réalisation [Seven Swords, qui fait l'ouverture du festival de Venise 2005].
 
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