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Etre la femme de Tsui Hark |
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HKCinemagic : Comment avez-vous rencontré Tsui Hark?
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N S : C'est une longue histoire. Ma meilleure amie, avec qui j'étais à l'école, est partie étudier et travailler à New York, et moi en Angleterre. Nous avions pour habitude de nous écrire en chinois. Notre chinois était mauvais, mais une fois à l'étranger, après l'école, nous étions nostalgiques, donc nous avons décidé de beaucoup communiquer et de nous écrire en chinois, pour se forcer à utiliser notre langue, mais seulement entre nous car notre niveau de chinois était, je le répète, très moyen. Elle m'écrivait des longues lettres à propos de ce qu'elle faisait, c'était dans les années 60, il y avait beaucoup de mouvements d'étudiants.
Ensuite elle s'est mariée avec un ami de Tsui, et ensemble ils faisaient toutes sortes d'activités artistiques, dans la communauté chinoise de New York. Ils ont crée la première chaîne chinoise du câble, ils faisaient du théâtre ethnique, du théâtre de rue , elle m'a donc écrit qu'elle avait rencontrée une personne bourrée de talent, qui se nommait Tsui Hark . Nous nous racontions vraiment tout, donc elle me l'a vraiment décrit avec force détails : il peut écrire, mettre en scène, être acteur, faire de la danse chinoise, etc… et elle m'envoyait les programmes de la chaîne de télé qu'ils avaient créée.
Pendant ce temps, je participais aussi à des mouvements étudiants en Angleterre, je participais à la création d'une école chinoise, et on se racontait tout cela dans nos lettres. Cela a duré des années. Ensuite je suis revenue à Hong Kong, vers 1975, puis à nouveau en 1977, et elle m'a écrit pour me dire que cette personne dont elle m'avait parlé retournait à Hong Kong pour travailler à la télévision, et que je devrais la rencontrer. Mais à Hong Kong, tout le monde est très occupé, et à moins qu'il n'y ait une raison importante , on ne cherche pas à rencontrer les gens. Un jour, elle est revenue à Hong Kong pour les vacances, et comme nous mangions dans un restaurant japonais, et elle m'a dit : « tu sais quoi ? On aurait dû dire à Tsui de se joindre à nous ».
Au moment où elle disait cela, Tsui passait par là et nous a entendues. Voila comment nous nous sommes rencontrés. |
Tsui Hark en tournage |
HKCinemagic : Quelle est votre opinion sur son œuvre au fil du temps ? Sa méthode de travail a-t-elle beaucoup évolué ? |
N S : Je pense qu'il est constamment en train d'évoluer, même au beau milieu d'un travail en cours, il peut s'arrêter et dire : « non, ce n'est pas ce que je veux faire ». C'est son caractère « multi-facettes », une personnalité très riche. Il évolue tout le temps. |
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HKCinemagic : Vous êtes à la fois la femme de Tsui Hark et son producteur. Comment gérez-vous cela ? |
N S : Très difficilement. J'ai trois sortes de relations avec lui : meilleure amie, associée et femme. Je préfère n'avoir qu'un rôle à la fois. Nous essayons d'être professionnels lorsque nous travaillons. Il y a aussi des moments où je travaille avec d'autres personnes. Il a crée beaucoup de styles, de modes comme dans le film d'arts martiaux. Il ne connaît rien au kung fu , n'a jamais étudié un seul art martial, ce qu'il invente fait partie de son imagination, de son univers. Il travaille avec un chorégraphe ou un coordinateur de cascades, et lui dit ce qu'il souhaite, et alors ils doivent trouver la solution technique pour y arriver. Mais la chorégraphie vient d'abord de son imagination. Il a par exemple instaurer un style avec l'utilisation de beaucoup de câbles, mais maintenant il pense que cela a été trop utilisé, donc il essaye de créer quelque chose de neuf, comme à son habitude. |
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Tsui Hark au travail |
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HKCinemagic : Cette relation particulière génère t-elle des conflits, ou est-ce l'idéal pour faire des films ? |
N S : Ca dépend des gens, de comment ils se complètent . Pour moi, je préfère toujours qu'il travaille avec un autre producteur, dans son intérêt. Cela lui permet une certaine distance. Il faut juste trouver la bonne personne, parce que je pense que nous avons tous les deux un caractère très fort, et souvent il faut que le producteur et le réalisateur soient bien complémentaires, tout en ayant des manières différentes de voir les choses. Je dois être plus concernée par le budget du film, comment assurer qu'il soit bouclé, par exemple. Tsui est, quant à lui, concerné par le côté créatif, il veut créer l'œuvre qu'il a en tête. Par exemple, si nous terminons notre discussion professionnelle à 8 heures du soir , c'est difficile de se dire à 8h01, ok, on passe à autre chose et on va dîner, on ne peut pas tourner la page comme ça. C'est pourquoi il faut trouver le bon producteur, qui lui donnera les moyens de ses ambitions, de matérialiser son imagination. |
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HKCinemagic : Etes-vous parfois surprise ou sceptique par ses nouvelles idées ou ses improvisations sur le tournage ? |
N S : Je ne pense pas que quiconque puisse avoir raison tout le temps. Il a fait des expérimentations qui ont été des réussites au-delà de ses espérances, et d'autres qui n'ont pas marché. L'important c'est d'en avoir conscience, et de savoir accepter la vérité en face, plutôt que de tourner autour du pot. Ensuite on peut avancer. Il ne peut pas y avoir de progrès sans erreurs ou improvisations qui n'ont pas marché. La raison qui fait qu'une chose fonctionne, c'est que vous avez appris de vos expériences, vous savez ce qui ne marche pas, et donc ce qui pourrait marcher, a contrario . C'est un processus permanent , pour les esprits créatifs c'est même à mon avis la plus grosse partie du travail, toujours avancer en accumulant de l'expérience. |
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